BUFFARD ALAIN (1960-2013)
Un regard tendre et grinçant sur le monde
Effrontées, tendres, grinçantes, drôles et inquiétantes, les quatorze pièces suivantes expriment un univers singulier et un regard sensible sur le monde. Il y a un style Buffard, une empreinte qui tient tout autant à la sobriété des dispositifs scéniques, pourtant complexes, qu’à la pertinence des choix musicaux ou sonores, ou au retour récurrent de certains éléments. Ainsi, il aborde le formatage corporel (Dispositif 3.1 en 2001) ou le trouble qui touche à l’identité, au sexe (Les Inconsolés, 2005), à la nourriture (Wall dancin’ Wall Fuckin’, 2003), à l’ordre, au corps, au genre (Self & Others, 2009 ;(Not) a love Song, 2007), aux minorités et au colonialisme (Tout va bien, 2010 ; Baron Samedi, 2012). Les êtres qu’il nous montre sont toujours décalés, attachants et humains avec ce doute constitutif et jamais refermé à l’endroit de la certitude intrinsèque. Ces mêmes thèmes seront développés, au cours de son activité parallèle de commissaire d’expositions : Campy, Vampy, Tacky (2002) etUmstellung/Umwandlung (2005).
Ce questionnement se retrouve également dans une manifestation protéiforme intitulée Histoires parallèles, pays mêlés, combinant expositions, spectacles et conférences, à l’affiche en 2013 dans différents lieux de la ville de Nîmes pour dénoncer les dérives de l’héritage postcolonial et son refoulement délétère.
Alain Buffard, qui est décédé le 21 décembre 2013 aux Rousses (Jura), n’acceptait aucune étiquette, et moins que toute autre celle d’artiste homosexuel et séropositif. Il n’a jamais revendiqué qu’une seule chose : « faire pleinement de la danse et même du spectacle ».
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
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