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JOUFFROY ALAIN (1928-2015)

Poète, écrivain et critique d’art, Alain Jouffroy est né à Paris le 11 septembre 1928. C’est en 1946 qu’il rencontre André Breton, qui aura une profonde influence sur son œuvre. Il se lie avec le groupe surréaliste, dont il devient membre, avant d’en être exclu en 1948. Il va alors fonder la revue Néon avec quelques autres « dissidents », parmi lesquels Victor Brauner, Stanislas Rodanski, Jean-Dominique Rey, Sarane Alexandrian. Tout au long de sa carrière, il collaborera à différentes revues, multipliera les liens avec les peintres et les écrivains (Michaux, Leiris, Mandiargues, Masson, Klossowski, entre autres) et demeurera fidèle à l’utopie d’une parole plurielle où création et théorie iraient de pair. Il s’intéresse ainsi, à San Francisco – où il publie son poème Déclaration d’indépendance (1961) –, à la beat generation, qu’il contribue à faire connaître en France en publiant en 1965 une anthologie. Il monte aussi, avec Jean-Jacques Lebel, en 1960, des expositions itinérantes, les Anti-Procès. En 1966, il fonde avec Robert Carlier la collection Poésie/Gallimard, dans laquelle il présente les œuvres de Breton, Artaud ou Leiris. Les années 1960 marquent le moment où il prend acte, avec son essai Une révolution du regard (1964), des profonds changements intervenus dans le monde de la représentation avec le pop art et la figuration narrative. Les événements de Mai-68 marquent une autre césure dans son œuvre : Alain Jouffroy fonde alors avec Jean-Pierre Faye l’Union des écrivains. Et les livres qui paraissent dans les années 1970 portent tous la trace de l’esprit de Mai, qu’il s’agisse de recueils de poésie (Liberté des libertés, 1971 ; Dégradation générale, 1974), d’essais (De l’individualisme révolutionnaire, 1975), ou d’un roman autobiographique (Le Roman vécu, 1978). Quant au dialogue avec les arts plastiques, il se poursuit notamment à travers les revues Opus international (qu’il fonde en 1968 avec Jean-Clarence Lambert), et XXe siècle, qu’il dirige de 1974 à 1981. La poursuite de l’utopie surréaliste s’exprime également à travers le soutien aux jeunes poètes du Manifeste électrique (1971) et du Manifeste froid (1973). Conseiller culturel au Japon de 1983 à 1985, Alain Jouffroy y approfondit sa connaissance des cultures d’Extrême-Orient. Ses poésies sont rassemblées sous forme d’anthologies dans L’Ouverture de l’être (1995) et C’est aujourd’hui toujours (1999). Dans un de ses essais, Manifeste de la poésie vécue (1995), il résume ainsi ce que fut son exigence : « … la coïncidence du corps, de la pensée et de ce que, faute de modestie, j’ai appelé […] la “trajectoire” des idées révolutionnaires dans l’espace commun des hommes. »

Alain Jouffroy meurt à Paris le 20 décembre 2015.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

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