LOUVIER ALAIN (1945- )

Né le 13 septembre 1945, à Paris, le compositeur français Alain Louvier accomplit de brillantes études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il obtient neuf premiers prix, parmi lesquels ceux de composition chez Tony Aubin, d'analyse musicale chez Olivier Messiaen, de direction d'orchestre chez Manuel Rosenthal, d'histoire de la musique chez Norbert Dufourcq et de clavecin chez Robert Veyron-Lacroix. C'est en 1968 que lui est décerné le premier grand prix de Rome et il est pensionnaire de l'Académie de France à Rome de 1969 à 1972. À son retour de la Villa Médicis en 1972, il est nommé directeur du conservatoire national de région de Boulogne-Billancourt. À partir de 1973, ses fonctions d'enseignant l'amènent à promouvoir les commandes de pièces de caractère pédagogique écrites par de nombreux compositeurs de toutes tendances, dans le but de renouveler le répertoire « facile » étudié dans les écoles de musique et les conservatoires. Nommé directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1986, il abandonne ce poste en 1991, après avoir assuré en 1990 le transfert de cet établissement à la Cité de la musique, mais continue à y enseigner l'analyse musicale jusqu'en 2009 ; il est aussi professeur d'orchestration au conservatoire national de région de Paris. En mai 2009, il reprend la direction du conservatoire de Boulogne-Billancourt, devenu conservatoire à rayonnement régional. Il mène par ailleurs, à partir 1972, une intense activité de chef d'orchestre, se consacrant au répertoire contemporain. Son immense connaissance des instruments et de leur utilisation l'ont amené à écrire un livre sur l'orchestre qui fait autorité, L'Orchestre (coll. Que sais-je ?, P.U.F., Paris, 1978 ; nouvelle édition réalisée avec Pierre-Albert Castanet, Combre, Paris, 1997).

Son goût pour les mathématiques (il a suivi une classe de mathématiques supérieures en 1962-1963) se retrouve dans ses œuvres, où il traduit au niveau sonore des suites numériques, des figures géométriques ou des courbes algébriques. Pianiste et claveciniste de formation, il explore la technique des claviers et fait des recherches sur les micro-intervalles ornementaux ou harmoniques ; ses recherches théoriques sur le clavecin (Livre pour virginal, 1987-1993) ou sur les pianos en quart ou en sixième de ton (Anneaux de lumière, dont les deux pianos sont accordés à un quart de ton d'intervalle, 1983 ; Itinéraire d'outre-rêve, pour piano solo et 17 instruments, 1993) se poursuivent également sur d'autres instruments pour lesquels les modes en quart de ton ont été aussi explorés (Quatuor à cordes, 1995-1999).

Mais, dès 1974, Trois Atmosphères, pour orchestre, qui frappe Olivier Messiaen, révèle un emploi très personnel des petits intervalles. La moitié de l'orchestre est accordée au diapason, l'autre moitié un quart de ton plus bas, selon un principe qui est analogue à celui de Ramifications de Ligeti. Utilisé dans la polyphonie, le quart de ton crée un univers sonore nouveau, fantasmatique et irréel. L'ensemble de l'œuvre dégage une lumière nouvelle et les petits intervalles qui décomposent la pièce à l'instar d'un arc-en-ciel donnent à cette pièce un caractère particulier dans lequel rêve et réalité vibrent ensemble.

C'est en 1964 qu'Alain Louvier commence le Livre I des Études pour agresseurs. Les « agresseurs » sont toujours au nombre de seize (10 doigts, 2 paumes, 2 poings, 2 avant-bras). Il écrira sept Livres de 1964 à 2007 : Livre I et Livre II, pour piano (1964, 1967) ; Livre III, pour clavecin à pédales (1969 ; deux études de ce livre seront adaptées pour clavecin ancien, sans pédale, en 1976, formant un Livre III bis) ; Livre IV, pour deux pianos (1967-1972) ; Livre V, pour clavecin[...]