MABANCKOU ALAIN (1966- )
Né à Pointe-Noire, au Congo, en 1966, Alain Mabanckou, professeur de littérature à l’université de Californie à Los Angeles, après avoir étudié le droit et travaillé en France, est un des écrivains « francophones » parmi les plus lus et les plus reconnus. Ses œuvres, traduites dans une quinzaine de langues, touchent aussi bien au domaine de la poésie qu’à l’essai, au récit autobiographique qu’au roman. Il a reçu de nombreux prix, dont le Renaudot en 2006 pour Mémoires de porc-épic. Signataire en mars 2007 du manifeste « Pour une littérature-monde en français », qui conteste l’appellation « littérature francophone », il revendique par ailleurs, comme James Baldwin auquel il rend hommage dans une biographie intitulée Lettres à Jimmy (2007), de n’avoir que deux identités, celle d’écrivain et celle d’être humain, et non pas de Noir ou de Franco-congolais. Pourtant, c’est bien la question de l’identité négro-africaine qui traverse toute son œuvre, où la dimension autobiographique affleure souvent.
L’oiseau migrateur
L’entrée en littérature d’Alain Mabanckou se fait par la poésie, un genre intimement lié à la séparation d’avec sa mère, Pauline Kengué, qu’il quitte pour la France à l’âge de vingt-trois ans et qu’il ne reverra plus, renonçant même à se rendre à ses obsèques, comme il le confie dans Lumières de Pointe-Noire (2013). Ses poèmes, d’une tonalité lyrique, disent la solitude, l’amertume, mais aussi l’espoir de renaissance. Cette mère à qui il dédie une grande partie de ses œuvres, et qui est souvent associée à sa « sœur Étoile » morte à la naissance, est présente en filigrane dans ses fictions, notamment dans Verre cassé (2005). Dès ses premiers écrits, il se présente comme un « oiseau migrateur », et c’est de cette situation d’itinérance que naît chez lui l’inquiétude qui « fonde toute démarche de création » (Écrivain et oiseau migrateur, 2011). De fait, la question de l’identité diasporique est présente dans ses essais : réflexion sur le repli communautaire dans Lettres à Jimmy ; méditation sur les perceptions fantasmées de l’Europe et de l’Afrique dans L’Europedepuis l’Afrique (2009) ;refus d’ériger les souffrances du passé colonial en identité dans Le Sanglot de l’homme noir(2012). Mais elle irrigue aussi ses romans, qu’ils se situent dans un Congo plus ou moins fictionnel, mais vu d’ailleurs et peuplé d’émigrés qui reviennent au pays, ou bien dans des espaces diasporiques comme le Paris des Congolais émigrés et souvent « sapeurs », comme on nomme les dandys congolais soucieux d’élégance (Bleu-Blanc-Rouge, 1998 ; Black Bazar, 2009), ou la Guadeloupe (Et Dieu seul sait comment je dors, 2001).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Violaine HOUDART-MEROT : professeure de littérature française à l'université de Cergy-Pontoise
Classification
Média
Autres références
-
FRANCOPHONIE
- Écrit par Jean-Louis JOUBERT
- 3 377 mots
- 2 médias
...permet à des écrivains de pays périphériques de faire entendre leur voix dans une langue de grande diffusion et de mieux défendre leur identité culturelle. Le romancier congolais Alain Mabanckou a prolongé le débat par un article (« La francophonie, oui, le ghetto, non ! ») dans lequel il réclamait un statut...