PROST ALAIN (1955- )
La rivalité Prost-Senna
Après une saison 1987 dominée par les Williams, l'univers de la formule 1 s'attend à vivre un duel passionnant en 1988. En effet, McLaren a obtenu le moteur Honda et engagé le Brésilien Ayrton Senna : les deux meilleurs pilotes se disputeront le titre, à armes égales, au volant de la monoplace la plus performante. Sur le plan des résultats, l'association Prost-Senna est une réussite absolue : le Brésilien est champion du monde en 1988 ; le Français, en 1989. Mais la cohabitation de deux hommes aux ambitions semblables et aux tempéraments antagonistes ne pouvait se dérouler sans heurts. Prost se montre agacé par la maestria de Senna, régulièrement plus rapide que lui lors des séances de qualification. Il l'accuse de bénéficier de son travail en adoptant les réglages de la monoplace qu'il a mis au point. Il reproche à Honda de fournir au Brésilien un meilleur matériel qu'à lui-même. Le paroxysme de cet affrontement se situera lors du Grand Prix du Japon 1989, alors que se joue le titre : les deux monoplaces s'accrochent ; Prost est contraint à l'abandon ; Senna est disqualifié, sous la pression de Jean-Marie Balestre, alors tout-puissant président de la Fédération internationale du sport automobile.
C'est amer, malgré un troisième titre mondial, que Prost quitte l'écurie britannique. Son image auprès du public s'est dégradée ; il se sent mal à l'aise dans ce monde de la formule 1 où le sport passe souvent au second plan ; il ne se voit pas suivi par les pilotes (il est le seul à refuser de prendre le départ du Grand Prix d'Australie sur une piste rendue dangereuse en raison de mauvaises conditions atmosphériques) dans son combat pour l'amélioration de la sécurité.
Alain Prost hésite sur la suite à donner à sa carrière. Renault, oubliant l'échec passé, le sollicite ; Ron Dennis lui propose de l'argent pour... ne pas courir en 1990. Mais le champion est tombé sous le charme d'une nouvelle maîtresse : la prestigieuse Scuderia Ferrari. Le pilote retrouve sa motivation : il travaille d'arrache-pied pour mettre au point sa nouvelle machine, se familiariser avec la boîte de vitesses semi-automatique et le moteur V12. Mais tout ce qui touche à Ferrari est objet de passion, la pression des médias et des tifosi transalpins est exacerbée, et la personnalité d'Alain Prost aura du mal à s'adapter à ce climat. Certes, il remporte cinq grands prix en 1990, mais échoue dans sa conquête d'un quatrième titre à l'issue... d'un accrochage avec Senna lors du Grand Prix du Japon. L'année 1991 sera celle d'un nouveau divorce. Les relations se sont détériorées entre les responsables de la Scuderia et leur pilote vedette. Alain Prost reproche à Cesare Fiorio, le team manager, son manque d'autorité, aux techniciens une rigueur insuffisante et de ne pas avoir su adapter la Ferrari 643 aux nouvelles configurations aérodynamiques exigées par la réglementation. Les critiques venant de Prost se font de plus en plus vives. Trop vives : Giovanni Agnelli, le patron de Fiat, licencie le Français à la veille du dernier grand prix de la saison.
Guy Ligier contacte alors Alain Prost, mais ce dernier ne souhaite pas être uniquement pilote dans l'écurie française : il voudrait en être le patron et réaliser son ambition de diriger une « équipe de France de formule 1 ». Les négociations échouent et Prost décide de s'accorder une année sabbatique. Pour garder le contact avec le milieu, il devient consultant pour T.F.1, qui retransmet les grands prix. Dans la coulisse, Alain Prost prépare son retour. Pour espérer conquérir un quatrième titre, il lui faut obtenir un volant chez Williams-Renault, qui domine le peloton. En septembre 1992, l'association est officialisée. Alain Prost a écarté par contrat la possibilité de voir Ayrton Senna[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification
Médias
Autres références
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SENNA DA SILVA AYRTON (1960-1994)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Johnny RIVES
- 1 650 mots
- 2 médias
Chez Lotus, il signe six victoires. En 1988, il rejoint l'écurie McLaren-Honda, où Ron Dennis a fait le pari de l'associer à Alain Prost, autre pilote d'exception. Le Français avait déjà été couronné champion du monde à deux reprises. Sous leur double emprise, l'équipe McLaren-Honda domine outrageusement,...