SOUCHON ALAIN (1944- )
Rares sont les artistes qui ont apporté un esprit nouveau à la chanson française. Le public, en découvrant Alain Souchon, est séduit par sa façon élégante de rompre le carcan de l'écriture traditionnelle et de parler de son époque avec des mots qui lui vont bien. Souchon joue au chanteur qui se regarde chanter dans un monde qu'il observe avec les yeux d'un adolescent doté d'un physique aux charmes discrets.
Il voit le jour le 27 mai 1944 à Casablanca. Il a six mois lorsque ses parents reviennent à Paris. Au grand dam de sa famille, qui compte plusieurs universitaires, il n'adhère pas au bel avenir qu'on lui fait miroiter. Élève distrait et rêveur, il rate trois fois son bac. Il n'aime pas la ville et préférerait vivre en Sologne, où il passe ses vacances chaque été, dans la maison de son oncle. Il a quinze ans lorsque sa vie bascule : au côté de son père, il est victime d'un accident de voiture ; il en sort indemne mais son père y laisse la vie.
Pour subvenir aux besoins, sa mère doit écrire des romans à l'eau de rose, sous le pseudonyme de Pierlain, et la famille est contrainte de déménager chez la grand-mère d'Alain Souchon. C'est chez elle que celui-ci découvre la radio. Pour l'adolescent qui n'a jamais écouté la TSF auparavant, c'est une révélation. Il aime les chansons populaires et commence à fredonner les succès des vedettes d'alors.
Au vu de ses résultats scolaires calamiteux il est envoyé en pension à Cluses, en Haute-Savoie. Il déteste cet endroit, se réfugie dans la poésie et finit par se faire renvoyer pour indiscipline. En 1961, il part pour Londres et subsiste en travaillant comme barman. Il y reste dix-huit mois et, nourri de musique anglo-saxonne, il décide de tenter sa chance dans la chanson. Il taquine la guitare, écrit, compose et multiplie les auditions. En vain. À force d'acharnement, il parvient à se faire engager dans des cabarets de la rive gauche, quartier qu'il habitera et où il chantera bien des années plus tard.
En mai 1968, il choisit de quitter Paris. À son retour, il rencontre Françoise, qu'il épouse en 1970. La même année naît son premier fils, baptisé Pierre, comme son père. En 1993, tous les deux ils signeront Le Fil, une chanson qui vient sceller cette transmission. Françoise, qu'il surnomme Belote, assure le quotidien et l'encourage à persévérer dans la chanson. Il enregistre un premier 45-tours en 1971. Malgré l'insuccès, Pathé-Marconi lui donne une autre chance. Son deuxième disque rencontre aussi peu d'écho que le précédent mais au moins lui offre l'opportunité de participer à une tournée en première partie d'Antoine. Une hépatite vient interrompre ces débuts. Alain Souchon devra attendre deux ans avant de reprendre espoir.
Étranglé par les difficultés financières, il écrit une chanson qu'il destine à Frédéric François, et qu'il présente à Bob Socquet, directeur artistique chez RCA. Ce dernier, séduit par le personnage, préfère que ce soit lui qui l'enregistre. L'Amour 1830, son troisième 45-tours, reçoit un bon accueil. Sélectionné pour la rose d'or d'Antibes, Alain Souchon obtient le prix de la critique et le prix spécial de la presse. Dans la foulée, il enregistre un album. Il cherche un arrangeur, un musicien capable de donner forme à son univers musical. Il rencontre Laurent Voulzy, un artiste également sous contrat chez RCA, et c'est en travaillant sur les orchestrations du disque qu'ils créent J'ai dix ans.
Souchon vient de trouver son style. La chanson est plébiscitée par le public. Après un deuxième album, Bidon, qui confirme, en 1976, les promesses du premier, le tandem Souchon-Voulzy s'installe en tête des hit-parades. Ils forment le binôme parfait : un auteur, Souchon, un compositeur, Voulzy, unis par une gémellité[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain POULANGES : auteur
Classification