VANZO ALAIN (1928-2002)
Considéré comme le principal ténor français de la seconde moitié du xxe siècle, Alain Vanzo faisait figure d'héritier de Georges Thill, dans une tradition illustrée avant lui par José Luccioni et après lui par Roberto Alagna.
D'ascendance italienne, Alain Vanzo naît le 2 avril 1928 à Monaco, dans une région dont il gardera toujours l'accent ensoleillé. Encore enfant, donc soprano, il chante dans la chorale de l'église Saint-Charles de Monaco. Il touche à tous les instruments sans vraiment recevoir de formation professionnelle. À dix-huit ans, il fonde à Aix-les-Bains un orchestre de variétés, Le Bastringue, avant d'entrer dans l'orchestre tzigane Les Vinitzky (1950). Il joue dans les brasseries, chante occasionnellement, joue les doublures au Châtelet (il aurait doublé Luis Mariano dans Le Chanteur de Mexico, mais cette information est contestée par d'autres doublures).
En 1954, il se décide enfin à étudier sérieusement le chant avec Rolande Darcœur pour se présenter à un concours de ténors organisé à Cannes par Mario Podesta. Il remporte le premier prix devant Tony Poncet et Guy Chauvet et est aussitôt engagé à l'Opéra de Paris et à l'Opéra-Comique. Durant sa période de formation, il chante de petits rôles (débuts dans un Pirate d'Obéron de Weber). En 1955, il participe à la création de Numance d'Henry Barraud (rôle de Viriato). Deux ans plus tard, il s'impose, au côté de Maria Callas, dans Edgardo de Lucia di Lammermoor de Donizetti, qui marque le début d'une très belle carrière internationale. Les premiers rôles lui sont offerts : don Ottavio (Don Giovanni de Mozart), Gérald (Lakmé de Léo Delibes), le duc de Mantoue (Rigoletto de Verdi), le Chanteur (Le Chevalier à la rose de Richard Strauss), Des Grieux (Manon de Massenet), Marcello (La Bohème de Puccini), Mario Cavaradossi (Tosca de Puccini) et surtout Nadir (Les Pêcheurs de perles de Bizet), qu'il chantera des centaines de fois. On le retrouve dans Edgardo au palais Garnier en 1960, au côté de Joan Sutherland. En 1965, il débute en concert à New York, au Carnegie Hall, dans Lucrèce Borgia de Donizetti (rôle de Gennaro) avec Montserrat Caballé avant de fouler la scène du Metropolitan Opera en 1973 dans Faust de Gounod. Entre-temps, il a chanté au Covent Garden de Londres (Lucia en 1961 et La Traviata en 1963), au Liceo de Barcelone, au festival de Wexford, à l'Opéra de Francfort, au Saõ Carlos de Lisbonne (1961). Puis il est invité à l'Opéra de Vienne, au festival de Glyndebourne, à l'Opéra de San Francisco. En 1968, il aborde à Monte-Carlo le rôle-titre de Werther de Massenet, qui deviendra l'un de ses rôles fétiches. En 1970, la dissolution de la troupe de l'Opéra de Paris l'oblige à réorienter sa carrière, car il continuait à donner le plus clair de son temps au palais Garnier.
En 1973, il participe aux célébrations du centenaire de la naissance d'Enrico Caruso à Naples. En 1976, le triomphe qu'il remporte dans Faust à l'occasion de la tournée américaine de l'Opéra de Paris pour le bicentenaire des États-Unis relance sa carrière sur le plan international. On l'appelle souvent pour remplacer Plácido Domingo dans le répertoire français. En 1982, il aborde don José (Carmen de Bizet). En 1985, on lui confie le rôle-titre de Robert le diable de Meyerbeer à l'Opéra de Paris, ce qui constitue une véritable consécration. Dans les années 1990, il cesse progressivement de chanter l'opéra et se consacre à l'enseignement et à la composition.
En dehors de nombreuses mélodies, on lui doit une opérette, Le Pêcheur d'étoiles, créée à Lille en 1972, et un opéra, Les Chouans, créé en Avignon en 1982. Il meurt à Paris le 28 janvier 2002.
Alain Vanzo possédait une voix naturelle de ténor, qui lui permettait d'aller jusqu'au contre-[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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