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LOMAX ALAN (1915-2002)

Alan Lomax est le fils de John Avery Lomax (1867-1948), un des principaux créateurs du mouvement folkloriste américain et un des tout premiers à avoir pris la peine de recueillir de nombreux thèmes folkloriques qui, sans lui, auraient disparu.

Alan Lomax naît à Austin (Texas) le 13 janvier 1915. Il commence très jeune à suivre son père et à travailler avec lui. Il est avec John lorsque celui-ci découvre Lead Belly en 1932 ; il tentera d'ailleurs de transformer cette « découverte » en une entreprise financière rentable, s'arrogeant même la moitié des royalties des thèmes enregistrés par Lead Belly, notamment le succès du hit-parade Goodnight Irene. En 1934, Alan Lomax s'installe à Washington et devient consultant des Archive of American Folk Song, un des départements de la bibliothèque du Congrès auquel John Lomax a cédé ses collections de terrain. C'est dans cette fonction que Alan, toujours en compagnie de son père John et de l'ethnomusicologue noir John Work, véritable cheville ouvrière des expéditions dans le Mississippi, enregistrera encore d'innombrables musiciens sur le terrain, parmi lesquels Son House, Blind Willie McTell, David « Honeyboy » Edwards, Bukka White et bien sûr Muddy Waters.

Alan Lomax, qui ne dissocie jamais son travail d'ethnomusicologue de buts commerciaux, anime une émission hebdomadaire de radio sur C.B.S., tente une carrière personnelle de chanteur-guitariste – un de ses albums de chansons de cow-boys sera même édité en France par la firme Le Chant du Monde –, « redécouvre » Woody Guthrie, qu'il va manager quelque temps, co-écrit avec son père plusieurs ouvrages sur le folklore américain, dont le classique Folk Songs USA (1946), certainement le recueil de chansons annotées le plus utilisé par les folksingers du monde entier désireux de se forger un répertoire.

En 1946, Alan quitte la bibliothèque du Congrès pour un poste infiniment mieux rémunéré chez la firme Decca. Mais son goût pour les expéditions de terrain ne le quitte pas et, financé par la fondation Guggenheim, il ne va jamais cesser de parcourir le monde, son magnétophone Magnacord sous le bras, pour découvrir et enregistrer tous les genres de musiques et de chansons folkloriques. La plus célèbre de ces expéditions est celle de 1959-1960 dans le Sud-Est et le Mississippi, qui lui permet de découvrir notamment Mississippi Fred McDowell et d'enregistrer dans de remarquables conditions techniques des heures de musique folk empreintes d'émotion. Ces enregistrements vont d'abord en partie paraître chez la firme Atlantic ; ils seront réédités par Rounder dans la série Southern Journey. Mais ce voyage-phare ne doit pas faire oublier les autres expéditions d'Alan Lomax, notamment celles qui sont effectuées dans les années 1950 en Europe : à la recherche des racines celtiques des musiques folk américaines, il recueille des dizaines d'heures d'interprétations et d'entretiens, depuis le nord de l'Écosse jusqu'à la Galice espagnole.

À partir de 1963, Alan Lomax va surtout se consacrer à son projet baptisé Cantometrics et qui deviendra plus tard The Global Jukebox, dans lequel il tente une étude comparative de toutes les musiques folk du monde afin de mettre en lumière les routes, parfois étonnantes, qu'ont prises sonorités, mythes et thèmes au hasard des déplacements de population, cela bien avant l'ère historique. Il sera un des tout premiers à mettre en évidence les liens qui existent entre certaines traditions asiatiques et les musiques américaines, via les migrations qui ont traversé le détroit de Béring. Parmi ses ouvrages, la copieuse relation de ses voyages sudistes, The Land Where the Blues Began (Pantheon Books, New York, 1993), est une lecture nécessaire. Alan Lomax meurt à Sarasota, en Floride, le 19 juillet 2002.

— Gérard HERZHAFT[...]

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