Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TURING ALAN MATHISON (1912-1954)

Mathématicien et logicien britannique, Alan Turing apporta une contribution majeure aux mathématiques, au décryptage, à la logique, à la philosophie, à la biologie et à de nouveaux domaines du savoir qui allaient par la suite être baptisés informatique, sciences cognitives, intelligence artificielle et vie artificielle.

Jeunesse et études universitaires

Alan Turing - crédits : History/ Universal Images Group/ Getty Images

Alan Turing

Alan Mathison Turing naît le 23 juin 1912 à Londres. Fils d'un fonctionnaire britannique de l'administration indienne, Turing commence à étudier les mathématiques au King's College de l'université de Cambridge en 1931. Après avoir obtenu son diplôme en 1934, il obtient une bourse d'enseignant chercheur au King's College en reconnaissance de ses travaux sur la théorie des probabilités. En 1936, le mathématicien et logicien américain Alonzo Church (1903-1995), qui vient de publier un article arrivant aux mêmes conclusions que Turing, appuie la publication de l'article de ce dernier : « On Computable Numbers, with an Application to the Entscheidungsproblem » (traduit sous le titre « Théorie des nombres calculables, suivie d'une application au problème de la décision » dans l'ouvrage La Machine de Turing). La même année, Turing part à l'université de Princeton pour faire une thèse sur la logique mathématique sous la direction de Church, achevée en 1938.

L'Entscheidungsproblem, problème de la décision formulé par Hilbert, cherche une méthode fiable permettant de décider quels énoncés mathématiques sont prouvables ou non dans un système mathématique formel donné. En 1936, Turing et Church montrent, chacun de son côté, que ce problème n'a en général pas de solution, prouvant qu'aucun système arithmétique formel cohérent n'est décidable. Ce résultat et bien d'autres, notamment les théorèmes d'incomplétude du mathématicien et logicien Kurt Gödel, mettent fin au rêve d'un système qui pourrait bannir à jamais l'ignorance des mathématiques. (En fait, Turing et Church montrent même que certains systèmes purement logiques, bien moins solides que l'arithmétique, sont indécidables.) Un important argument de Turing et Church est que la classe des fonctions lambda-définissables (fonctions des entiers naturels dont la valeur peut être calculée par un processus de substitution répétée) coïncide avec la classe des fonctions effectivement calculables (ou calculables informatiquement). Ce résultat est connu sous le nom de « thèse de Church » – ou de « thèse de Church et Turing » lorsqu'il est énoncé sous la forme : toute fonction effectivement calculable peut être calculée par une machine de Turing universelle, un type d'ordinateur abstrait que Turing a introduit au cours de sa preuve. Turing montre en 1936 que sa thèse et celle de Church sont équivalentes en prouvant que les fonctions lambda-définissables au sens de Church sont identiques aux fonctions calculables au sens de Turing, c'est-à-dire par une machine abstraite qu'il introduit pour étayer son argumentation. Dans une analyse critique du travail de Turing, Church reconnaît la supériorité de la formulation de la thèse de son élève sur la sienne, expliquant que le concept de calculabilité par une machine de Turing présente l'avantage de déterminer de façon immédiate et manifeste la faisabilité du calcul.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de philosophie et de directeur des archives Turing pour l'histoire de l'informatique à l'université Canterbury de Christchurch (Nouvelle-Zélande)

Classification

Média

Alan Turing - crédits : History/ Universal Images Group/ Getty Images

Alan Turing

Autres références

  • TURING MACHINE DE

    • Écrit par
    • 197 mots

    Dans l'article « On computable numbers, with an application to the Entscheidungsproblem », publié en 1936 dans les Proceedings of the Mathematical Society, Alan Mathison Turing (1912-1954) montre qu'il existe des nombres définissables qui ne sont pas calculables. Cela implique qu'il n'existe...

  • ALGORITHME

    • Écrit par et
    • 5 919 mots
    • 4 médias
    ...moyen de manipulations séquentielles de type symbolique dans l’analyse de la notion de calculabilité que propose le mathématicien et logicien britannique Alan Turing (1912–1954). Ce dernier prend comme point de départ de son analyse ce que fait un agent humain lorsqu’il est en train d’effectuer un calcul,...
  • APPLE

    • Écrit par
    • 2 547 mots
    • 2 médias
    ...elle s’interdira de se diversifier dans la musique. Ce fruit symbolise aussi le génie créatif du physicien Isaac Newton. Il n’a rien à voir avec Alan Turing (un des fondateurs de l’informatique qui mit fin à ses jours en croquant une pomme empoisonnée au cyanure), dont les fondateurs d’Apple ignorent...
  • COGNITIVES SCIENCES

    • Écrit par
    • 19 262 mots
    • 4 médias
    ...sciences dans la période qui s'étend entre le milieu des années 1930 et la fin des années 1940. Deux articles fondamentaux du grand logicien anglais A. M.  Turing encadrent symboliquement cette préhistoire : en 1936, il jetait les bases mathématiques et conceptuelles de ce qui deviendrait, au cours de la décennie...
  • CRYPTOLOGIE

    • Écrit par
    • 5 770 mots
    • 3 médias
    ...Bletchley Park, près de Londres, de nombreux spécialistes de diverses disciplines avec pour mission de cryptanalyser les chiffres allemands. Parmi eux, le grand logicien Alan Turing, déjà connu pour avoir, en 1936, apporté une solution négative au problème dit « de la décision », le célèbre ...
  • Afficher les 13 références