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SILLITOE ALAN (1928-2010)

Né dans une famille ouvrière de Nottingham, ville qui lui fournira maints décors, Sillitoe quitte l'école à quatorze ans pour entrer à l'usine. Mais si son œuvre se situe en majeure partie dans la tradition du roman prolétaire, elle la déborde largement. Sillitoe est un authentique « jeune homme en colère » dont la sincérité ne peut jamais être mise en doute.

Il connaît la notoriété dès 1959 avec son premier roman : Saturday Night and Sunday Morning (Samedi soir, dimanche matin). Toute une classe s'est reconnue dans Arthur Seaton, le héros du roman, non seulement en raison du réalisme de l'œuvre, mais aussi parce qu'il incarnait le malaise d'une génération, ses aspirations confuses à plus de liberté et à plus de respect de la dignité humaine. C'est aussi de dignité humaine qu'il s'agit dans The Loneliness of the Long-Distance Runner, 1959 (La Solitude du coureur de fond), cette longue nouvelle dans laquelle Colin Smith, pensionnaire d'une maison de redressement, fait d'une défaite voulue dans la course une admirable victoire personnelle. Avec Key to the Door (Une clé pour la porte, 1961), que l'auteur considère comme le meilleur de ses romans, Brian Seaton pose, mais avec plus de lucidité et en termes politiques, les problèmes de la génération d'Arthur Seaton et d'Alan Sillitoe, dont c'est d'ailleurs l'ouvrage le plus autobiographique, avec The Lost Flying Boat (Les Aventuriers de l'Aldebaran, 1983) dont le héros est opérateur de radio. Pour Sillitoe, qui exerçait ce métier dans sa jeunesse, il s'agit là d'une métaphore de la communication du romancier avec le monde extérieur. Dans Snowstop (1990), la rencontre fortuite de différents dessins débouche sur la violence et la mort. La veine d'anarchisme qui court tout au long de l'œuvre de Sillitoe resurgit plus brutalement dans la trilogie que composent The Death of William Posters (1965), A Tree on Fire (1967), The Flame of Life (1974). Le protagoniste, Frank Dawley, est le successeur direct d'Arthur Seaton. C'est cette veine qui nourrit le meilleur de l'œuvre de Sillitoe. Lorsqu'il s'en éloigne pour faire une incursion soit dans l'anti-utopie (Travels in Nihilon, 1971), soit dans le récit d'aventures (The Lost Flying Boat), les résultats sont souvent moins heureux. Nul doute que la matière première dont l'auteur tire le meilleur profit demeure son expérience personnelle, celle de sa famille, de son milieu d'origine. Il appellera d'ailleurs Raw Material (Nottinghamshire, 1972) le livre dans lequel il retrace la vie des générations ouvrières qui ont précédé la sienne. En reprenant souvent d'un ouvrage à l'autre un même personnage (c'est ainsi que le Michael Cullen de A Start in Life, 1970, réapparaît en 1985 dans Life Goes On[La vie continue]), il donne à cette source d'inspiration une cohérence supplémentaire. Romans sociaux, mais au sens le plus large et le meilleur du terme, les romans de Sillitoe, comme ses nouvelles qui traitent les mêmes thèmes (The Ragman's Daughter, 1963 ; Guzman, Go Home, 1968 ; etc.), sont aussi l'œuvre d'un conteur admirable. The Storyteller (1979) est d'ailleurs le récit de la vie d'un raconteur d'histoires professionnel né à Nottingham, en qui on pourrait reconnaître son créateur. Et le conteur est aussi un observateur doué d'un sens aigu du comique.

Aux romans et nouvelles viennent s'ajouter quelques pièces de théâtre, des livres pour enfants, un recueil d'essais (Mountains and Caverns, 1963) et plusieurs volumes de poésie, commençant avec les poèmes engagés de The Rats and Other Stories (1960). Alan Sillitoe a également publié une autobiographie, Life Without Armour (1995), où il revient sur son enfance difficile.

— Jean RUET

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  • ANGRY YOUNG MEN

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    ...Charles Dickens) dans la province anglaise, à parler avec des accents qui n'avaient pas souvent droit de cité. Il y avait le Yorkshire de John Braine. Il y eut surtout le Nottinghamshire d'Allan Sillitoe (1928-2010). Dans Saturday Night and Sunday Morning (1958), le plus attachant des romans de...