ALASKA
Histoire
L'Alaska a joué un rôle très important dans le peuplement des Amériques. Lors des grandes glaciations pléistocènes, le niveau des mers s'est abaissé plusieurs fois, laissant à découvert un large pont de terre dans la région du détroit de Béring. C'est à pied sec que des groupes d'hommes venus d'Asie ont pénétré en Alaska, il y a de cela de 15 000 à 8 000 ans environ, pour se diriger ensuite vers le sud. Le nord de l'Alaska et de la Sibérie sont demeurés libres de glace tout au long de la dernière glaciation du Quaternaire ; les hommes y chassaient le mammouth, le bison, le rhinocéros laineux, le cheval, le renne et autres gros gibiers dont on a retrouvé les squelettes. Les ancêtres des Eskimos et des Aléoutes sont arrivés, eux, vers le milieu de l'Holocène, et leurs cultures particulières, fondées sur la chasse aux mammifères marins, se sont développées sur place. Après l'an mille, les Eskimos/Inuit, par vagues successives, vont occuper le rivage arctique, jusqu'au Groenland, et les côtes de la Sibérie toute proche.
La découverte de l'Alaska est attribuée à Vitus Béring, un marin danois au service des Russes, qui l'atteignit en 1741. Il mourut l'hiver suivant, sur l'île qui porte aujourd'hui son nom, dans les Aléoutiennes russes. Sa tombe y a été retrouvée en 1991. Ce voyage fut le début d'une ruée vers les riches terrains de chasse des Aléoutiennes. Les trafiquants russes progressaient d'île en île, exterminant le gibier aussi bien que la population autochtone. Les Aléoutes survivants furent soumis à un quasi-esclavage.
En 1784, les Russes construisent un premier établissement sur l'île Kodiak. Quinze ans plus tard, une charte de l'empereur de Russie établit le monopole de la Compagnie russe d'Amérique en Alaska. Le premier gouverneur de la Compagnie en Amérique, Alexandre Baranof, qui y demeure de 1790 à 1818, marque les premières années d'expansion de sa personnalité énergique, voire brutale. Utilisant la main-d'œuvre aléoute, il construit Sitka ; il rencontre une forte résistance de la part des Indiens Tlingit, mais finit par y établir sa capitale en 1807. À son départ, les affaires de la Compagnie sont florissantes, les Russes possèdent un comptoir en Californie et ont même des vues sur Hawaii. La présence russe en Amérique n'excédera toutefois jamais quelques centaines d'individus. Leurs incursions vers le nord de l'Alaska demeurent limitées.
Dès 1840, les profits de la Compagnie se mettent à décliner et les Russes prennent conscience, surtout après l'échec de la guerre de Crimée, du fait qu'ils ne pourraient défendre leur colonie en cas d'expansion des États-Unis vers le nord. En 1867, ils se résolvent à vendre leur possession aux États-Unis, pour 7,2 millions de dollars. Le secrétaire d'État William Seward parvient de justesse à obtenir l'accord du Congrès pour cet achat.
Jusque vers la fin du xixe siècle, les États-Unis demeurent indifférents au sort de l'Alaska. Ce sont les ruées vers l' or qui désenclavent le pays. La ruée du Klondike en 1897, au Canada tout proche, a été suivie d'un reflux vers les gisements aurifères de l'Alaska. De 430 habitants en 1880, et quelques milliers en 1890, la population non autochtone passe à 30 000 en 1900. En 1912, les États-Unis confèrent à l'Alaska le statut de Territoire. De la Première Guerre mondiale au début des années 1930, la population n'augmente pas et l'économie stagne. L'extraction industrielle d'or et de cuivre, la pêche et les conserveries de poisson fournissent alors l'essentiel du revenu du Territoire. En 1935, le gouvernement inaugure un programme d'agriculture dans la vallée de la Matanuska, près d'Anchorage. En 1942, les Japonais occupent deux des îles Aléoutiennes.[...]
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Écrit par
- Claire ALIX : docteur en anthropologie, ethnologie, préhistoire de l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, chercheur associé à l'Alaska Quatrenary Center, University of Alaska, Fairbanks (États-Unis) et consultante en archéologie arctique et analyse des bois archéologiques
- Yvon CSONKA : docteur en anthropologie, chef de projet de recherche, université de Neuchâtel
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