ALASKA
Peuples autochtones
L'arrivée de Blancs au xviiie siècle a inauguré une ère de grands changements pour les peuples déjà établis en Alaska. On ne connaît pas exactement l'importance de la population au moment du contact ; elle atteignait peut-être 80 000 habitants. Les autochtones ont été décimés par les mauvais traitements, les famines consécutives à l'extermination du gibier par les étrangers, les épidémies et parfois les massacres. En 1890, ils n'étaient plus que 25 000. Leur population atteignait le chiffre de 30 000 habitants en 1930 : ils représentaient alors la moitié de la population totale de l'Alaska. Ils sont 105 000 en 2008 et représentent autour de 15 p. 100 de la population.
Lors du traité de vente aux États-Unis en 1867, on ne leur reconnaissait encore aucune existence légale. Sous l'administration américaine, l'éducation réprima longtemps l'usage des langues vernaculaires. On assiste depuis 1970 à une renaissance de certains de ces idiomes, et un centre pour l'étude des langues autochtones a été créé à l'université de l'État, à Fairbanks.
Les indigènes ont progressivement acquis les mêmes droits que les autres citoyens, l'enseignement est devenu bilingue, et, en 1971, un règlement historique est intervenu avec le gouvernement fédéral.
L'Alaska Native Claims Settlement Act (A.N.C.S.A.) rendait aux autochtones 10 p. 100 du territoire de l'Alaska et offrait près d'un milliard de dollars en compensation de l'extinction des droits sur le reste des terres ancestrales. La gestion de l'argent et le choix des terres ont été confiés à des corporations autochtones créées pour la circonstance. Les douze corporations régionales qui couvrent le territoire de l'Alaska fonctionnent selon le modèle des entreprises américaines, inadapté aux structures sociales des Indiens et des Eskimos.
Un cinquième des autochtones vivent dans les centres urbains. Mais la plupart désirent continuer à pratiquer leur mode de vie traditionnel et restent très attachés à la terre qui les fait vivre. Une nouvelle société émerge peu à peu, qui doit trouver un équilibre fragile entre modernité et valeurs ancestrales.
Les Aléoutes sont apparentés aux Eskimos. Ils exploitaient les ressources de la mer et vivaient dans de grandes maisons que plusieurs familles se partageaient. Leurs kayaks étaient conçus pour affronter les eaux dangereuses qui entourent leurs îles. « Alaska » est un mot emprunté à leur langue, qui veut dire « la grande terre ». Ce sont eux qui ont le plus souffert de la présence russe : leur nombre, qui selon les estimations était de 15 000 à 25 000 au moment du contact, n'était plus que de 2 000 un siècle plus tard. Ils ont aussi souffert de leur déportation/internement dans le sud-est de l'Alaska par le gouvernement américain pendant la Seconde Guerre mondiale, une injustice reconnue par le Congrès américain en 1988. On compte aujourd'hui près de 11 000 Aléoutes.
Les conditions de vie des Eskimos étaient plus variées, moins rigoureuses, que dans l'Arctique canadien ou groenlandais. Leur habitat permanent n'était pas l'igloo de neige mais des maisons de pierre, de terre et de bois semi-souterraines. La culture eskimo est tout entière tournée vers la chasse aux mammifères marins, phoques, morses et même baleines, qui étaient poursuivies en umiak, grandes barques recouvertes de peaux. Les Nunamiut de l'Arctic Slope font exception : ils vivent à l'intérieur des terres et chassent le caribou.
Les quelque 36 000 Eskimos d'Alaska font partie de deux groupes linguistiques. La North Slope et la péninsule de Seward sont habitées par les Inupiat chasseurs de baleines, qui forment la branche occidentale du grand groupe inuit s'étendant jusqu'au Groenland.
Les autres, qui se disent Yupiit,[...]
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Écrit par
- Claire ALIX : docteur en anthropologie, ethnologie, préhistoire de l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, chercheur associé à l'Alaska Quatrenary Center, University of Alaska, Fairbanks (États-Unis) et consultante en archéologie arctique et analyse des bois archéologiques
- Yvon CSONKA : docteur en anthropologie, chef de projet de recherche, université de Neuchâtel
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