ALBANIE
Nom officiel | République d'Albanie (AL) |
Chef de l'État | Bajram Begaj (depuis le 24 juillet 2022) |
Chef du gouvernement | Edi Rama (depuis le 15 septembre 2013) |
Capitale | Tirana |
Langue officielle | Albanais |
Unité monétaire | Lek (ALL) |
Population (estim.) |
2 715 000 (2024) |
Superficie |
28 703 km²
|
L'Albanie depuis 1945
L'évolution politique et sociale
Dernier État européen à proclamer sa fidélité au modèle stalinien du « socialisme dans un seul pays », l'Albanie a fait, depuis 1945, le pari de l'isolement et de l'indépendance nationale au prix d'une série de crises internes et d'alliances idéologiques mouvementées. L'interruption de l'aide chinoise, en 1978, a mis en péril le modèle économique qu'elle s'était choisi alors que celui-ci était sur le point de se réaliser.
À partir de 1990, la nécessaire ouverture au monde a fait voler en éclats l'édifice du parti unique et la fiction d'un peuple prêt à tous les sacrifices pour sauver le dernier régime authentiquement marxiste-léniniste. Étudiants, intellectuels, cadres et employés des villes auront été le fer de lance de l'affrontement avec le pouvoir. Entre émigration et manifestations, la jeunesse albanaise a prouvé son refus d'une société autoritaire et coupée de l'Europe.
Une indépendance au prix fort
Issu de la fusion de plusieurs tendances, le Parti du travail albanais a dominé la vie politique depuis les élections du 2 décembre 1945, jusqu'en 1992. Une nouvelle Constitution était adoptée en 1976, confirmant la suprématie de ce dernier et faisant de l'Albanie une « république populaire socialiste ». Le pouvoir législatif était exercé par l'Assemblée populaire, élue pour quatre ans, et devant laquelle, en principe, le gouvernement, nommé et révoqué par elle, était responsable. Dans les faits, tout le pouvoir appartenait au parti, dirigé par un comité central d'une trentaine de membres, qui désignaient un bureau politique de sept membres. Les conseils populaires, dont le pouvoir a été renforcé en 1979, représentaient l'assemblée populaire à l'échelon du district, de la ville, du village ou du quartier. Diverses organisations de masse, syndicats, unions des jeunes travailleurs, de la jeunesse, des femmes, soutenaient et expliquaient l'action du parti, sans parler du quotidien Zëri i Popullit (La Voix du peuple), organe central d'information.
La permanence à la direction du parti d'Enver Hodja, étudiant du lycée français de Korçë, formé au communisme en France dans l'orbite thorézienne, écrivain prolixe et polémiste ardent, conférait à la vie politique albanaise une image d'immuabilité, pourtant démentie par les crises internes successives qui ont marqué le déroulement de cette vie politique.
Au sortir de la guerre, le Comité antifasciste de libération nationale, constitué en gouvernement démocratique, s'est trouvé confronté à la difficile tâche d'unifier sous sa direction un pays qu'il avait libéré par les armes et, fait unique en Europe de l'Est, sans l'assistance directe de l'armée soviétique. La plupart des dirigeants étaient issus de l'ethnie tosque, implantée dans le centre et le sud du pays, et traditionnellement plus perméable aux influences étrangères. Il fallait faire accepter le nouveau régime aux montagnards guègues du Nord, vivant sous l'institution du fys, communauté pastorale et agraire, et rebelles à tout pouvoir central.
À peine consolidé, le nouveau pouvoir dut bientôt faire face à des dissensions internes engendrées par les visées de la Yougoslavie, alors principal allié de l'Albanie, à l'égard de cette dernière. Le tout-puissant ministre de l'Intérieur, Koçi Xoxe, défendait, au sein du parti, la coordination complète des économies des deux pays et l'élaboration d'un plan quinquennal d'exploitation des matières premières minérales et agricoles albanaises, dont le traitement serait effectué en Yougoslavie, en échange de biens manufacturés. L'expulsion de la Yougoslavie du bloc soviétique permit à Enver Hodja et à ses fidèles de procéder à une élimination progressive des éléments[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Anne-Marie AUTISSIER : enseignante, chercheur à l'Institut d'études européennes de l'université de Paris-VIII
- Odile DANIEL : docteur ès lettres, professeur d'albanais à l'Institut national des langues et civilisations orientales, Paris, officier des palmes académiques
- Christian GUT : archiviste paléographe, directeur des services d'archives de la Seine et de la Ville de Paris, chargé de conférences à l'École nationale des langues orientales vivantes
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ALBANIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ALBANIE, archéologie
- Écrit par Olivier PICARD
- 2 304 mots
L'archéologie n'était pas une discipline neutre dans les anciens pays communistes de l'Est : aussi bien la volonté d'écrire une histoire officielle, à la fois nationale et dans le vent de la philosophie du régime, que celle de remodeler le paysage en éliminant les monuments jugés obscurantistes au...
-
‘ALĪ PACHA DE TÉBELEN (1744-1822)
- Écrit par Robert MANTRAN
- 255 mots
Ayant commencé sa carrière dans différents postes militaires en Épire, ‘Ālī pacha s'illustre dans la guerre contre les Autrichiens (1787-1792) ; nommé gouverneur de Roumélie en 1802, il réprime une révolte des soldats albanais en Thrace, puis devient gouverneur de Tríkkala et de Yanya (Jannina)...
-
ALIA RAMIZ (1925-2011)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 549 mots
Homme d'État albanais né le 18 octobre 1925 à Shkodër, Ramiz Alia fut président de la République albanaise (1982-1992) et dirigeant du Parti communiste albanais (1985-1991).
Né de parents musulmans originaires de la région albanophone du Kosovo (alors en Yougoslavie), Ramiz Alia fait ses...
-
BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE
- Écrit par Jean AUBOUIN et Michel ROUX
- 7 514 mots
- 1 média
...début des années 1970 ont créé en Europe occidentale de considérables communautés grecques, yougoslaves et turques. Dès la chute du communisme (1992), l'Albanie est devenue à son tour un pays d'émigration économique massive, avec comme principale destination la Grèce, qui se transformait ainsi en pays... - Afficher les 25 références