BALLU ALBERT (1849-1939)
Albert Ballu est représentatif du mouvement éclectique dont se réclament de nombreux architectes français à la fin du xixe siècle. Né en 1849 à Paris, il entre à l'École des beaux-arts de Paris en 1868 ; il est élève d'Auguste Magne et de son père, Théodore Ballu (1817-1885), – auteur, à Paris, de plusieurs églises (la Trinité, Saint-Ambroise et Saint-Joseph), ainsi que de la reconstruction de l'Hôtel de Ville. Après avoir été primé au concours pour la construction de la faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux (1876, réalisée par Jean-Louis Pascal), Albert Ballu remporte celui du palais de justice de Charleroi, inauguré en 1880. Pour cet édifice néoclassique, dont l'entrée est gardée par deux lions monumentaux, il fait appel à l'entreprise de maçonnerie de Claude-Marie Perret, installé en Belgique depuis le début des années 1870. Cet épisode est le prélude à une collaboration de plusieurs années : il est en effet probable que Claude-Marie Perret est aussi, sous la direction d'Albert Ballu, le constructeur du pavillon de l'Algérie à l'Exposition universelle de Paris, en 1889, dont ses fils Auguste et Gustave ont conservé dessins et photographies. Entre-temps, Ballu concourt pour la reconstruction de la Sorbonne et obtient le troisième prix, devancé par Henri-Paul Nénot et par Nicolas-Édouard Larche. Peu actif à Paris, il y construit néanmoins, pour son père, un hôtel particulier situé 80 rue Blanche, dans lequel il s'installera lui-même ; en 1894, il réaménage la célèbre brasserie Riche, sur le boulevard des Italiens, dont Édouard Jean Niermans conçoit, avec les artistes Jean-Louis Forain et Jean-François Raffaëlli, la décoration intérieure ; l'ensemble sera remplacé dès 1898. Dans la perspective de l'Exposition universelle de 1900, on confie à Albert Ballu la conception, sur les Champs-Élysées, du pavillon Paillard, petit édifice de style Louis XVI qui accueille aujourd'hui le pavillon de l'Élysée-Lenôtre. En 1906, il construit, place de la Fontaine à Nîmes, avec le sculpteur J.-B. Belloc, le monument à l'architecte Henri Revoil (1822-1900), qu'il avait assisté dans divers travaux, notamment à la cathédrale de la Major à Marseille et à la cathédrale de Nîmes. En 1879, il succède à Revoil comme architecte du diocèse d'Aix-en-Provence – dont il restaure la cathédrale – avant d'avoir la charge du diocèse de l'Ille-et-Vilaine en 1886 ; il sera également chargé comme architecte diocésain de la Charente et de la Corse.
Mais c'est en Algérie qu'Albert Ballu mène l'essentiel de sa carrière. Architecte diocésain d'Oran et d'Alger, architecte en chef des Monuments historiques de l'Algérie, il dirige les fouilles des sites romains de Timgad (Thamugadi) et de Djemila (Cuicul) et signe, de 1894 à 1927, de nombreuses publications archéologiques, ainsi que des guides illustrés. Il achève également la cathédrale d'Alger et conçoit celle d'Oran (1900-1912), pour laquelle, après avoir utilisé le procédé de construction inventé par Paul Cottancin (de la brique renforcée par des tiges métalliques), il fera appel en 1908 à l'entreprise de béton des frères Perret. Sans intervenir sur l'esthétique néo-byzantine de l'édifice, ces derniers conçoivent pour les murs latéraux des claustras de béton armé, dont ils feront un usage fréquent dans leurs propres bâtiments (l'égliseNotre-Dame de Consolation au Raincy, Seine-Saint-Denis, notamment, en 1922).
Les frères Perret auront encore l'occasion de travailler avec Albert Ballu, pour des réalisations éphémères : le pavillon de l'Algérie à l'Exposition coloniale de Marseille en 1906, puis, en 1908, le pavillon de l'Algérie, de la Tunisie et de l'Afrique occidentale à l'Exposition franco-britannique de Londres.[...]
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Écrit par
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
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