BIERSTADT ALBERT (1830-1902)
L'un des meilleurs maîtres du paysage américain, Albert Bierstadt fut à l'apogée de son prestige au cours des années 1860-1880. Il était allemand d'origine, mais plus encore de formation puisque, émigré à l'âge de deux ans seulement, il revint en 1853 parfaire ses études à Dusseldorf, avant de gagner l'Italie. Il appartient à ce courant de paysagistes dit de l'Hudson River School qui révélèrent l'art américain à l'Amérique et l'Amérique aux Américains. Mais Bierstadt se distingue pourtant de ces peintres par son style. Tandis que les premiers se bornaient aux limites de l'Est exclusivement, il emprunte la voie tracée par les caravanes de pionniers, partant à la conquête de l'Ouest, terres immenses, lointaines, encore vierges et mystérieuses. Bien que Bierstadt ait résidé toute sa vie à New Bedford (Mass.), où sa famille s'était fixée en débarquant, et à New York où il devait mourir, c'est le nord de la Californie qui fut sa source d'inspiration. Les montagnes Rocheuses n'eurent pas de secret pour lui, à tel point qu'il servira de guide au grand-duc Alexis venu chasser le buffle. À maintes reprises, il n'hésita pas à traverser les États-Unis, dans des conditions difficiles, pour prospecter ce champ d'investigation inépuisable, en recueillir le caractère fantastique. Il en conservera des impressions éblouies. Au premier tableau sur ce thème, exposé en 1860, succéderont d'immenses toiles qui firent son succès : Rocky Mountains (Metropolitan Museum, New York) ; Le Mont Corcoran (Corcoran Gallery of Art, Washington) ; Le Lac Tahoe (Harvard Univ., Fogg Art Museum, Cambridge, Mass.). Son sens de la composition, où la lumière et l'ombre se disputent des ciels sans limites, excellait à traduire la monumentalité et l'esprit d'absolu, ce sentiment exceptionnel d'être en présence de l'état primitif du monde, où s'organise simplement la rencontre de l'homme (l'Indien), de l'animal (buffle ou cerf) avec les éléments. Ce grand voyageur ne se contenta pas de parcourir le Nouveau Monde ; il a entretenu toute sa vie de solides relations avec l'Europe et fait de longs et fréquents séjours en Italie, en France et en Angleterre, spécialement à la fin de sa vie. Après 1880, sa vogue auprès des amateurs s'était éteinte. Il reste que Bierstadt occupe dans l'art américain une place originale qui ne lui est plus contestée.
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Écrit par
- Bernard PUIG CASTAING : historien de l'art
Classification
Média
Autres références
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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques
- Écrit par François BRUNET , Éric de CHASSEY , Encyclopædia Universalis et Erik VERHAGEN
- 13 464 mots
- 22 médias
...d'exutoire au déchirement de la guerre de Sécession (1861-1865), les toiles gigantesques de la vallée de Yosemite et des montagnes Rocheuses que peignit Albert Bierstadt à partir de 1861, les visions géologisantes des canyons de la Yellowstone ou du Colorado par Thomas Moran, sans doute le plus grand coloriste...