ALBERT DE BRANDEBOURG (1490-1568) premier duc de Prusse (1525-1568)
Troisième fils du margrave d'Ansbach en Franconie, Albert de Brandebourg est destiné à une brillante carrière ecclésiastique. Dès l'âge de seize ans, il devient chanoine à Cologne, ce qui ne l'empêche pas de participer en 1508 à une campagne militaire de l'empereur Maximilien en Italie. C'est en 1510 que se situe sa fortune, lorsque, grâce aux manœuvres de son frère aîné, il est élu grand maître de l'ordre Teutonique. Confronté à une situation délicate, en raison des revendications de suzeraineté de la Pologne sur la Prusse, il tente d'y faire front par une alliance avec l'Empire et la Moscovie, puis par une guerre, dont le seul résultat est la dévastation du pays et qui se termine par la reconnaissance de la suzeraineté polonaise tant contestée. Il échoue également dans sa tentative de réforme de l'ordre. Prince humaniste et cultivé, il s'intéresse aux préoccupations religieuses de son temps et ne reste pas insensible au trouble provoqué par la Réforme. En 1523, il rend visite à Luther et, la même année, il publie une confession de foi évangélique, qui s'explique probablement autant par la sincérité de ses convictions que par des motifs politiques. D'une part, il renonce à la dignité de grand maître et élimine l'ordre en Prusse, si bien que Charles Quint le met au ban de l'Empire ; d'autre part, il sécularise la Prusse et la transforme en un duché héréditaire à son profit. Menacé désormais par la Pologne sur le plan à la fois politique et confessionnel, le duc Albert affirme son autonomie par une politique habile d'alliances, notamment avec les riverains protestants de la Baltique : mariage avec une fille du roi de Danemark, nomination de son frère comme coadjuteur de l'évêque de Riga, bonnes relations avec la Suède et la Hanse. Sur le plan intérieur, Albert de Brandebourg réussit à reconstruire le pays et à amortir les lourdes dettes par un système fiscal étendu. Mais ces difficultés financières ont contraint le duc à accorder des concessions substantielles à la Diète qui a voté en 1525 une ordonnance territoriale complétée en 1540 au profit de la noblesse terrienne. Le prince reprend à son compte les structures administratives héritées de l'ordre et coiffées par des conseillers et des baillis. Après l'introduction de la Réforme, il fait de la Prusse le modèle d'une principauté évangélique dirigée par l'État, qui a imposé une ordonnance ecclésiastique, des visites pastorales et des synodes. Prince de valeur, le duc Albert a manifesté dans les conflits religieux une originalité de haut niveau et assuré une correspondance étendue avec des théologiens. Il est également un compositeur de cantiques et de confessions de foi. Pour convertir le royaume voisin de Pologne, il a créé en 1544 l'université de Königsberg qui, grâce à la présence de nombreux savants, exerce un rayonnement intellectuel et culturel sur les territoires voisins. Enfin, il favorise la vie musicale et les arts, de sorte que sa cour participe, en partie grâce à l'influence d'artistes de Nuremberg, à la culture de la Renaissance. Mais ses dernières années sont assombries par des conflits théologiques, où il soutient Osiander contre Melanchthon.
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Écrit par
- Bernard VOGLER : docteur ès lettres, professeur d'histoire de l'Alsace à l'université de Strasbourg-II
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...urbaines : Constance, Nuremberg, et, au nord, Magdebourg, Halberstadt, Breslau, Brême, Königsberg. En 1525, le grand maître de l'ordre Teutonique, Albert de Brandebourg, sécularise l'ordre et devient duc en Prusse. Suivent les villes de la Baltique, de Lübeck à Riga. Les princes s'interrogent.... -
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