MUN ALBERT DE (1841-1914)
Homme politique et dirigeant catholique français. Officier de carrière, Albert de Mun est fait prisonnier en 1870 ; la captivité l'amène à réfléchir aux causes de la défaite, et la Commune à mesurer la désorganisation sociale : « Entre ces révoltés et la société légale dont nous étions les défenseurs, un abîme nous apparut. » Il fonde alors, avec M. Maignen et La Tour du Pin, l'Œuvre des cercles catholiques d'ouvriers et, pour s'y consacrer, démissionne de l'armée. En 1876, il est député de Pontivy (Morbihan) ; invalidé et réélu, il est invalidé une seconde fois en 1878 et réélu en 1881. En 1885, il songe à fonder un parti catholique sur le modèle du Zentrum allemand, mais y renonce à la demande expresse de Léon XIII. En 1886, quelques jeunes fondent à son appel et avec son appui l'Action catholique de la jeunesse française, qui compte 140 000 membres en 1914.
Légitimiste et contre-révolutionnaire, antilibéral et antisocialiste, Albert de Mun accepte cependant le « ralliement » à la République demandé par Léon XIII aux catholiques français en 1892, accomplissant là un énorme sacrifice où nombre de ses amis virent un reniement. L'année suivante, il participe à la création, au Parlement, de la Droite constitutionnelle. Il sera un des opposants actifs à la loi de séparation des Églises et de l'État (1905).
Orateur brillant, animateur ardent, de Mun n'était guère préparé au rôle qu'il tint ; et l'action ne lui laissa guère le loisir que son ami La Tour du Pin, plus doctrinaire, put consacrer à l'étude. Il a été un représentant typique du catholicisme intransigeant et un opposant au « monde moderne », dont il faisait une critique impitoyable ; pour cela même, il se montra hardi dans ses idées sociales. L'alliance avec les conservateurs, après le ralliement, le modéra en un temps où s'aggravaient les conflits entre catholiques.
Il a laissé un volume de souvenirs, Ma Vocation sociale (1908), et une œuvre oratoire abondante, notamment Discours et écrits divers (7 vol., 1871-1902), Combats d'hier et d'aujourd'hui (6 vol., 1902-1910).
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Écrit par
- Émile POULAT : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Autres références
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CATHOLICISME LIBÉRAL ET CATHOLICISME SOCIAL
- Écrit par René RÉMOND
- 7 280 mots
...la soulager. Cette école se consacre à défendre la famille traditionnelle, met son espérance dans la restauration des corporations. Telle est l'inspiration des écrits de Le Play et La Tour du Pin, comme celle qui préside en France à la fondation parAlbert de Mun des Cercles catholiques d'ouvriers. -
INTÉGRISME
- Écrit par Émile POULAT
- 5 685 mots
- 1 média
...ne peut engendrer que l'erreur, et de la révolution ne peuvent sortir que de nouvelles révolutions sans fin. Nul ne l'a dit, avec plus d'éloquence qu' Albert de Mun, député catholique du Morbihan, leader et pionnier dont l'évolution sera significative. Il faut citer longuement ce discours adressé à Chartres...