DUBOUT ALBERT (1905-1976)
Humoriste aussi populaire que timide, Albert Dubout a imposé un style d'humour graphique truculent et grotesque. Né à Marseille en 1905, il est mort à Saint-Avnès, près de Montpellier. Entré très jeune à l'école des beaux-arts de Montpellier, Dubout fait paraître ses premiers dessins dans un journal d'étudiant en 1923, bientôt suivis de beaucoup d'autres dans la presse parisienne (Le Pêle-Mêle, Ric et Rac, Candide, Marianne, La Bataille, etc.). Cette activité permanente tout au long de sa vie s'est accompagnée d'une non moins importante carrière d'illustrateur. Pour les éditions Kra, dont Philippe Soupault était alors conseiller éditorial, Dubout illustra de grands textes classiques : Les Embarras de Paris (Boileau) et Le Barbier de Séville (Beaumarchais) en 1929, Carmen (Mérimée) en 1930, Gargantua (Rabelais) en 1931, suivis de nombreux titres chez d'autres éditeurs, dont la fameuse trilogie de Pagnol (Marius, Fanny, César) ou les romans de San Antonio. Dès 1937, avec Du bout de la lorgnette, il publie des recueils de dessins, dont Marcel Aymé propose une superbe définition : « Un album de Dubout est un Olympe de la bêtise réduite à elle-même. » Ses motifs de prédilection sont les foules, dont l'accumulation incohérente force l'attention, les grosses dames généralement affligées d'un petit mari (le couple Anatole), enfin le détail loufoque, allant du tuyau de poêle mal rafistolé aux bretelles indomptées ou aux cols cassés récalcitrants. Une vitalité irréductible explose dans chaque dessin, dont le cadre – à l'instar des vêtements des personnages – laisse craindre qu'il ne résistera pas à ces assauts. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Dubout est mobilisé à Montpellier et le classement des cartes d'État major lui laisse assez de temps pour réaliser deux dessins animés : Anatole à la Tour de Nesle et Anatole va camper. Dans les années 1950, Dubout est l'auteur du scénario de deux films La rue sans loi et Anatole chéri ; on lui doit aussi un grand nombre d'affiches de cinéma, de publicité.
Moins connue est l'œuvre du peintre, entreprise dès le début des années 1930. Avec David et Goliath, tableau présenté au Salon des humoristes en 1935, se trouvent combinés l'exubérance comique et l'expressionnisme, qui caractérisent le graphisme de ses meilleures réalisations, dans Marianne ou Candide, avec la série « Ceux de la Haute », ou encore dans de vastes fresques, comme « La Guerre picrocholine », réalisée pour le Gargantua ou « Le Jugement dernier », publié par Le Rire. À Palavas-les-Flots, un musée dédié à Dubout et inauguré en 1992 présente ses œuvres. À cette célébrité exceptionnelle pour un humoriste s'ajoute l'attribution de son patronyme à quelques rues de villes du sud de la France (Palavas, Lunel, Montpellier, Marseille).
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Écrit par
- Nelly FEUERHAHN : chercheuse honoraire au CNRS
Classification
Autres références
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CARICATURE
- Écrit par Marc THIVOLET
- 8 333 mots
- 8 médias
...pacte Hitler-Staline, devait, pendant l'Occupation, mettre son grand talent au service des causes les moins défendables. En marge du courant politique, Dubout proposait une approche à la fois truculente et amère de la réalité. La prolifération des personnages, minutieusement dessinés, prend dans ses dessins...