- 1. Vie. L'homme, la science, l'univers et la cité
- 2. Premiers travaux : physique moléculaire, quanta et relativité restreinte
- 3. Contributions à la théorie quantique
- 4. Relativité générale
- 5. Cosmologie et théorie unitaire
- 6. Critique de l'interprétation de la mécanique quantique
- 7. Portée de l'œuvre scientifique d'Einstein
- 8. Philosophie de la connaissance
- 9. Bibliographie
EINSTEIN ALBERT (1879-1955)
Philosophie de la connaissance
Les nouvelles conceptions de la physique contemporaine provenant de la théorie de la relativité et de la mécanique quantique ont entraîné, en tout cas, dans le domaine philosophique, de substantielles remises en cause. Tout d'abord, quelle que soit la continuité des concepts et des énoncés physiques avec les conceptions antérieures, ils se présentent selon des interprétations différentes, de nature systémique : c'est leur place dans les systèmes théoriques concernés, mais également dans le cadre général des connaissances, qui est modifiée et qui leur confère une autre signification.
Tel est le sens des grandeurs physiques comme l'espace et le temps, par exemple, qui sont construites en fonction de propriétés physiques fondamentales, comme le respect du principe de relativité et la constance de la vitesse de la lumière. Ils ne peuvent plus être vus comme des formes a priori de la sensibilité dans le sens de Kant, à cause de cette construction et parce qu'ils correspondent à un contenu objectif. Mais ils peuvent difficilement être considérés, à l'inverse, comme purement empiriques, si ils sont constitués dans un système théorique où l'expérience n'est que l'une des instances ayant un rôle, à côté des définitions, des conventions et de choix rationnels de diverses natures. La démarche d'Einstein a souvent été interprétée, à tort, comme définissant tout uniment ces grandeurs par référence à leur mesure, alors qu'il était préoccupé de les définir physiquement, c'est-à-dire en référence à des phénomènes et à des événements, mais qui demandent par ailleurs, pour être intelligibles, d'être constitués rationnellement.
La question de la géométrie, également, a constitué l'un des points chauds des débats philosophiques, reprenant celui qui avait eu lieu à propos des géométries non euclidiennes, avec notamment Riemann, Helmholtz, Mach et Poincaré. Les empiristes et positivistes logiques, avec Reichenbach et Carnap, ont vu dans la réponse donnée par la relativité générale sur la structure non euclidienne de l'espace physique l'évidence de la « dissolution du synthétique a priori » kantien et de la vérité de l'empirisme. Toutefois, le caractère construit de la théorie physique, médiatrice entre la formalisation mathématique et le donné empirique, ne permet pas de simplifier le problème en ces termes, et l'on peut penser, avec Einstein, qu'il demeure un élément rationnel acquis antérieurement, provisoire, certes, mais qui possède une fonction d'intelligibilité « pour éclairer notre expérience ».
Par-delà les conceptions et les débats directement reliés au contenu des théories physiques, Einstein s'était formé une philosophie de la connaissance, en cohérence avec sa propre pratique de la recherche en physique, qu'il concevait d'ailleurs comme la tentative de se donner une « image du monde ». Cette philosophie s'est aussi constituée à l'aide de la lecture de philosophes et de savants-philosophes, et l'on y décèle certains traits empruntés notamment à Kant, à Hume, à Poincaré et assimilés en une synthèse originale. Le réalisme critique d'Einstein pose l'existence d'une réalité physique indépendante de la pensée comme un programme à accomplir. La connaissance vise à la représentation de cette réalité, par la construction de théories, systèmes de concepts dont les relations entre eux sont guidées par quelques principes régulateurs (comme ceux de la thermodynamique, ou de relativité), et qui sont « inventés librement » par la pensée, en ce sens qu'ils ne sont pas liés logiquement au donné empirique, tirés de celui-ci par induction. La science est objet de création ; mais cette création n'est pas arbitraire, elle est soumise au jugement de l'expérience. Celui-ci, toutefois, ne peut être que global, étant donné le caractère[...]
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Écrit par
- Michel PATY : directeur de recherche émérite au CNRS
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