Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CARRIER-BELLEUSE ALBERT-ERNEST (1824-1887)

Sculpteur français représentatif par sa diversité et par son habileté de la production artistique du second Empire, Carrier-Belleuse, formé dans l'entourage de ciseleurs et d'orfèvres, a été l'élève de la « Petite École » (future École des arts décoratifs), où il se lie avec Charles Garnier. Il séjourne en Angleterre, où il travaille pour la manufacture de céramique de Minton, se distinguant par la création de statuettes de personnages historiques souvent éditées dans différentes matières. Parmi les sujets particulièrement aboutis, citons : Raphaël, Michel-Ange, plus tard, La Comtesse de Castiglione en reine d'Étrurie (1864). À partir de 1857, il expose au Salon où ses œuvres sont remarquées pour leur sensualité : la Bacchante de 1863 (jardin des Tuileries) ; leur force naturaliste : Hébé endormie de 1869 (musée d'Orsay) ; leurs qualités d'expression : les bustes. Il reçoit des commandes de monuments publics (pour la Roumanie, l'Argentine...) et participe au décor sculpté des grands travaux parisiens de Napoléon III : le Louvre, le tribunal de commerce, la Banque de France, l'Opéra enfin où il crée les fameuses torchères de bronze de l'escalier d'honneur et les cariatides de la cheminée du Grand Foyer. Ayant assimilé les leçons de l'expérience nationale, son art est marqué par le maniérisme bellifontain, le canon des figures de Jean Goujon (comme pour la Source du casino de Vichy) et les formes souples et élégantes des sculpteurs du xviiie siècle français. « Pacotilleur de génie », selon les Goncourt, Carrier-Belleuse sait utiliser avec virtuosité et un réel sens de coloriste la terre cuite (voir sa Vestale voilée de 1859, au musée de Laon), ce qui l'a fait surnommer le « Clodion du second Empire ».

<it>Lectrice</it>, A.-E. Carrier-Belleuse - crédits :  Bridgeman Images

Lectrice, A.-E. Carrier-Belleuse

Correspondant au goût de son époque, il s'est adapté aux nouveaux modes de production et de commercialisation : il travaille avec les orfèvres Froment-Meurice ou Christofle, multipliant les œuvres d'édition : statuettes, trophées, horloges et vases, usant des ressources de la galvanoplastie qui lui vaudront le reproche d'être une « machine à sculpter » (E. Lockroy). Une de ses réalisations les plus exceptionnelles par le parti (deux figures de femmes agenouillées comme jambages d'une cheminée) et par le matériau (du bronze argenté) a été conçu pour le fastueux hôtel de la Païva. Passionné par les arts industriels, il publie des répertoires de formes (L'Application de la figure humaine à la décoration et à l'ornementation, 1884) et dirige les travaux d'art à la manufacture de Sèvres à partir de 1875 : il y renouvelle l'art du biscuit et les formes des vases. Il a formé de nombreux élèves qui ont travaillé à ses côtés : Dalou, Falguière et Rodin ; ce dernier a réalisé le Vase des Titans (1879, musée Rodin) qui porte la signature de son maître.

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

Classification

Média

<it>Lectrice</it>, A.-E. Carrier-Belleuse - crédits :  Bridgeman Images

Lectrice, A.-E. Carrier-Belleuse

Autres références

  • RODIN AUGUSTE (1840-1917)

    • Écrit par
    • 4 661 mots
    • 7 médias
    Pendant les années 1860 et jusqu'en 1871, il travailla, à Paris, pour des sculpteurs en vogue sous le second Empire, Carrier-Belleuse notamment, et pour de nombreux entrepreneurs et architectes qui lui confièrent des travaux de sculpture d'ornement dans lesquels il est difficile d'identifier sa...