HIRSCHFELD ALBERT (1903-2003)
Caricaturiste américain, Albert, dit Al, Hirschfeld est né le 21 juillet 1903 à Saint Louis (Missouri) aux États-Unis. Son père, Isaac Hirschfeld, fils d'un émigré venu d'Allemagne, s'était installé dans cette ville après avoir épousé une jeune femme tout juste arrivée d'Ukraine, qui ne parlait que le russe et le yiddish. Dès l'âge de cinq ans, le talent de dessinateur d'Al Hirschfeld est manifeste. Un artiste local l'engage à partir pour New York en 1915. Le jeune garçon fréquente une école professionnelle et étudie le soir à la National Academy. Il apprend ensuite la lithographie à l'Art Students League. D'abord embauché à la section publicité artistique des studios Samuel Goldwyn, il passe ensuite chez David O. Selznick, où il devient – à l'âge de dix-huit ans – directeur artistique. Malheureusement, la faillite du producteur ruine ses espoirs. Un oncle lui offre alors un voyage en Europe : un billet pour le bateau et 500 dollars – somme considérable en 1924. C'est ainsi que, à vingt et un ans, Hirschfeld gagne Paris pour y mener une vie d'artiste. De là, il poussera jusqu'en Espagne et au Maroc, d'où il rapportera des aquarelles qui feront l'objet, en 1926, d'une exposition à Paris, mais aussi à New York, Chicago et Saint Louis. De retour aux États-Unis, sa carrière prend un nouveau tournant lorsqu'un croquis de Sacha Guitry dans la pièce de théâtre Deburau, remarqué par l'agent publicitaire Richard Maney, est reproduit dans le New York Herald Tribune, en première page de la section théâtrale. Différents journaux font alors appel à lui, mais c'est finalement au Times qu'il fera carrière durant plus de soixante ans. À Moscou, Hirschfeld rend compte de l'activité théâtrale pour le Tribune, puis, après y avoir passé une année durant laquelle il rencontre Stanislavski, Meyerhold, Poudovkine et Eisenstein, il part pour Tahiti. Il se rend ensuite à Bali, où il commence à privilégier le trait et le noir et blanc, par opposition à la nature luxuriante et vivement colorée de ce site paradisiaque.
Dans les années 1930, époque reine du théâtre à Broadway, Hirschfeld entretient des relations amicales avec les auteurs et les acteurs dont il dessine les portraits en scène. En 1932, il publie Manhattan Oases, un album décrivant le milieu des bars de New York. Après la naissance, en 1945, de sa fille prénommée Nina, il inscrit son nom dans chacun de ses dessins, masqué dans les plis des vêtements ou dans les cheveux des personnages. Le nombre des occurrences suit la signature, ce qui permet aux lecteurs de se passionner pour un jeu auquel Hirschfeld ne cessera plus de s'adonner. Avec Sidney Joseph Perelman, avec qui il s'était lié d'amitié durant son séjour à Paris, Hirschfeld avait écrit la pièce One Touch of Venus qui sera donnée à Broadway en 1943. Trois ans plus tard, un projet de carnet de voyage pour le journal Holiday entraîne les deux hommes pour neuf mois mouvementés de Shanghai à Singapour ; leurs chroniques seront rassemblées dans Westward Ha ! Quant aux dessins issus de sa fréquentation quotidienne du théâtre, ils constituent un large inventaire d'artistes dont on retrouve les images dans de nombreux livres : Show Business is no Business (1951), The American Theater (1961), Rhythm (1970), Hirschfeld by Hirschfeld (1979) ou Hirschfeld on Line (1999).
Le style graphique du dessinateur restitue le dynamisme des acteurs dans leurs rôles. La vivacité des expressions est étonnante : « J'essaie de rendre aussi précisément que je le peux les choses qui m'excitent visuellement : certains mouvements de mains, la manière qu'ont certains acteurs de s'asseoir, de croiser les jambes ou de se regarder les uns les autres. Les costumes aident quelquefois. » Néanmoins, Hirschfeld ne se veut pas un pur caricaturiste : « Exagérer[...]
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Écrit par
- Nelly FEUERHAHN : chercheuse honoraire au CNRS
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