HOUTIN ALBERT (1867-1926)
Historien du catholicisme français contemporain, activement mêlé à la crise moderniste. Né à La Flèche, de parents boulangers, élève du petit séminaire d'Angers, novice bénédictin à Solesmes, prêtre du diocèse d'Angers en 1901, Albert Houtin fut aussitôt nommé professeur d'histoire au petit séminaire. Ses recherches sur l'origine du diocèse et sur saint René, qui en aurait été le premier évêque, lui valurent de graves difficultés avec son évêque et, en 1901, le conduisirent à Paris, où il entra peu à peu en rapport avec les principaux représentants du mouvement moderniste. Pendant cinq ans (1904-1909), il assura au Siècle, quotidien radical de Paris, la rubrique des affaires religieuses ; et, jusqu'en 1912, année où il quitta définitivement la soutane, il se considéra comme « franc-tireur au service de l'Église ».
Son évolution religieuse, liée à son expérience laïque, fut un long et douloureux détachement de la foi chrétienne, et même, à la fin de sa vie, de toute croyance religieuse. Si sa situation matérielle le lui avait permis (elle fut celle d'un petit fonctionnaire jusqu'à la veille de sa mort), il aurait consacré toutes ses forces à « démythiser » l'Église, son histoire, son fonctionnement et ses hommes, sur lesquels il ne cessait d'accumuler des notes. Il a malgré tout laissé une œuvre historique importante — et plus connue que citée —, centrée sur la crise religieuse contemporaine. Il s'y montre soucieux d'échapper à la « piperie des attitudes et des mots », et désireux de dévoiler l'« organisation du mensonge pieux ». Si cette œuvre souffre d'une certaine étroitesse de vue, elle vaut par la précision de son information et par la curiosité psychologique qui l'anime : Houtin est un passionné d'« âmes religieuses », dont la mouvante complexité ne cesse d'étonner sa rigueur intransigeante. Ainsi s'explique qu'il ait eu avec Loisy, auquel il fut très lié, un conflit profond et significatif qui dépasse toute querelle de personnes.
Il a raconté son expérience en deux volumes autobiographiques (1926 et 1928), où figure une bibliographie détaillée de ses travaux.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Émile POULAT : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Autres références
-
MODERNISME, catholicisme
- Écrit par Émile POULAT
- 5 231 mots
...rationalistes, refusant ce qu'ils estiment un illusoire compromis, jugent qu'elle signifie la fin des croyances catholiques ( Joseph Turmel, Albert Houtin). La difficulté à placer dans ce schéma des philosophes comme Maurice Blondel et le père Lucien Laberthonnière, ou des philologues...