Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALBERT LE GRAND (1193?-1280)

Le théologien

En théologie, Albert peut apparaître moins original. Cependant, sa marque propre affecte tous ses ouvrages : Commentaires des Sentences de Pierre Lombard, des quatre Évangiles, de Job, des prophètes, de Denys le pseudo-Aréopagite (Noms divins, Théologie mystique, Hiérarchie céleste) ; Somme de théologie(inachevée). Il a trouvé, dans la doctrine dionysienne de la création comme théophanie (manifestation inchoative de Dieu), le motif principal de son effort pour constituer en leur autonomie les savoirs rationnels. Il use, recueillie de Denys, de la négativité néo-platonicienne pour coordonner la raison et la foi entendue comme communion intellective à une vérité qui entraîne la pensée, par-delà le niveau rationnel, vers une intuition noétique que la transcendance prive d'évidence expérimentale. Albert caractérise cette épistémologie théologique par la formule « vérité affective », qui a été mal lue par de nombreux interprètes : ils y ont vu une sorte d'affectivité psychologique, alors qu'il s'agit du « pâtir » intellectif, c'est-à-dire de la réceptivité contemplative selon Denys. La vérité affective signifie cette lumière infuse des vérités révélées qui cause la communion intellective et caritative de l'homme avec Dieu. Entrouvant à la liberté le mystère divin sans imposer à la raison aucune subordination oppressive, la lumière de la foi invite à relire les savoirs naturels sous un jour nouveau qui, à la fois confirmateur et transfigurant, se diffuse à partir de la plénitude promise dans la vision de Dieu.

— Édouard-Henri WÉBER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ANALOGIE

    • Écrit par , et
    • 10 427 mots
    ...comme participation graduelle à l'Esse » (P. Aubenque). Cette platonisation transparaît dans certaines définitions de l'analogie utilisées par Albert le Grand dans son commentaire sur les Noms divins du pseudo-Denys l'Aréopagite. Attribuée à Proclus, la caractérisation du deuxième mode de l'analogie...
  • ANTHROPOMORPHISME

    • Écrit par
    • 7 544 mots
    • 1 média
    ...la cause première. Ainsi s'effectue la recherche de l'ineffable : lorsque l'on pense à Dieu, ce qui peut encore être désigné par un nom n'est pas Dieu. Albert le Grand écrit (Tract., III, xvi) : « Dieu est à la fois innommable et omninommable. Il est innommable et l'Innommable est le plus beau de tous...
  • AVICENNE, arabe IBN SĪNĀ (980-1037)

    • Écrit par
    • 8 902 mots
    • 1 média
    ...une nette influence, certes, mais finalement au prix d'une altération radicale. On relèvera, en premier lieu, l'intérêt des références à Avicenne chez Albert le Grand, dans ses œuvres minéralogiques. Maître Albert a lu dans la physique d'Avicenne qu'une certaine force est immanente à l'âme humaine, une...
  • AVICENNISME LATIN

    • Écrit par
    • 6 601 mots
    Quand, en plein xiiie siècle, Albert le Grand écrit que l'on ne peut connaître le vrai sans grâce, car « même si on a la science habituelle de quelque chose on n'actualisera ce savoir virtuel qu'en se tournant vers la lumière de l'Intellect incréé », il est, à sa manière, dans la mouvance du ...
  • Afficher les 7 références