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LONDRES ALBERT (1884-1932)

Né le 1er novembre 1884 à Vichy, Albert, Jean, Marie Londres fait ses études au lycée de Moulins qu'il quitte en 1902 pour aller travailler à Lyon. En 1903, il monte à Paris et publie ses premiers poèmes intitulés Suivant les heures. Il retrouve à Paris des amis lyonnais : Charles Dullin et Henri Béraud en particulier. Il fait ses débuts de journaliste au Salut public, quotidien lyonnais dont la rédaction parisienne est dirigée par Élie Joseph Bois. En 1906, il entre comme « chambrier », c'est-à-dire journaliste parlementaire, au Matin. Mais la poésie reste son activité préférée, le journalisme n'étant encore qu'un gagne-pain. Trois nouveaux recueils paraissent entre 1908 et 1910. La Première Guerre mondiale va lui permettre de devenir reporter. D'abord correspondant de guerre du Matin, il couvre les fronts européens. En 1915, sur le refus du Matin de l'y envoyer, il part aux Dardanelles pour Le Petit Journal, rendant compte de la campagne d'Orient entre 1915 et juin 1917. Il revient alors sur les fronts français et italien, puis, en 1919, part en Allemagne occupée.

Cette expérience de la guerre va être déterminante pour sa carrière. Devenu exclusivement journaliste, il va choisir de dénoncer la misère, l'injustice, érigeant en parti pris journalistique son militantisme social. Grand reporter, il va sillonner le monde d'abord pour Le Petit Journal, puis pour Excelsior (1919-1922). Entre janvier et avril 1923, il participe au lancement du Quotidien. Il va alors retrouver E. J. Bois, devenu rédacteur en chef du Petit Parisien, le quotidien de Pierre Dupuy, dont le tirage atteint 1,7 million d'exemplaires, ce qui va donner à ses articles et aux causes qu'il défend un impact considérable. Son premier reportage important, Au bagne, paraît en 1923 : la description qu'il fait des conditions de vie des bagnards à partir d'une observation minutieuse sur le terrain et de nombreux témoignages entraîneront la fermeture progressive du bagne entre 1936 et 1938. D'autres récits vont suivre, décrivant l'injustice sociale à travers le monde : bagnes militaires, traite des Blanches, asiles, vie inhumaine des pêcheurs de perles..., dressant ainsi des tableaux vivants et très documentés de milieux ignorés.

En novembre 1931, il part en Chine comme correspondant du Journal pour le conflit sino-japonais. Quittant la Chine, il disparaît dans le naufrage du Georges-Philippar le 16 mai. Sa fille Florise Martinet-Londres fonde, en 1933, le prix Albert-Londres, destiné à couronner chaque année le meilleur reportage : le premier récipiendaire en est Émile Condroyer. L'ensemble de l'œuvre journalistique d'Albert Londres a d'abord été publié chez Albin Michel, avant la guerre, puis en 1975 par Francis Lacassin chez Christian Bourgois (dans la collection 10/18).

— Christine LETEINTURIER

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Écrit par

  • : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas, Institut français de presse

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