PIGASSE ALBERT (1887-1985)
Le nom d'Albert Pigasse est lié à l'histoire de la plus ancienne collection française de romans policiers, connue du public pour sa mémorable couverture : un loup noir traversé d'une plume, sur un fond jaune orange. Un symbole : « Le Masque, c'est le mystère... ».
Albert Pigasse est né le 12 octobre 1887 à Albi. En 1919, il fait sur un court de tennis la connaissance de Bernard Grasset, pour lequel il travaille quelques années. Mais il se sépare de lui en 1925 pour mener à bien son propre projet éditorial : le lancement d'une collection policière. Il s'installe dans la librairie des Champs-Élysées et commence à sélectionner des romans anglo-saxons. En 1927, Le Masque fait son entrée en scène avec un premier titre, Le Meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie. Malgré un faible tirage, un public est trouvé, et ce coup de maître lance la première collection policière française. Le Masque fait connaître les romans à énigme et les thrillers de Sax Rohmer, Edgar Wallace, Dorothy Sayers, Louis Vance, Joseph Fletcher. Mais Albert Pigasse se préoccupe aussi de découvrir des auteurs français et fonde pour cela, en 1930, le grand prix du roman d'aventures ; le jury compte des personnalités telles que Mac Orlan, Carco, Kessel, Pierre Benoît ou Maurice Constantin-Weyer. Le premier prix sera décerné à Pierre Véry ; l'année suivante, il ira à Stanislas-André Steeman. Le roman policier d'expression française est né, et Pigasse va l'enrichir des livres de Jean Bommart, Pierre Nord, Boileau ou Noël Vindry.
La collection arrête de paraître en 1942 et ne reprend qu'après la Libération. Les années qui suivent la guerre voient la consécration d'Agatha Christie, l'auteur « policier » le plus vendu dans le monde et le numéro un du Masque. Alors qu'à travers la Série noire fondée par Marcel Duhamel le public s'enthousiasme pour un type de roman qui bouleverse le roman policier classique en privilégiant les écrivains américains, Pigasse choisit de se cantonner dans le roman d'énigme, sans violence ni érotisme. Il publie des œuvres peu originales, mis à part certaines découvertes comme Exbrayat, l'une des vedettes de la collection à partir des années 1960.
Parallèlement au Masque, Pigasse n'a jamais cessé de promouvoir la paralittérature en créant des collections nouvelles, depuis la Série émeraude en 1938, consacrée à l'aventure, jusqu'au Masque Western, qui dura de 1967 à 1981. Cet intérêt pour des domaines différents a aidé au renouvellement du Masque au cours des années 1970 avec la traduction de « polars » nordiques, la publication d'auteurs « noirs », la découverte de nouveaux écrivains français de talent et de l'œuvre de la romancière anglaise Ruth Rendell, qui renouvelle le genre. Et si, en 1971, Albert Pigasse a vendu à Hachette les éditions de la librairie des Champs-Élysées, il en est resté un directeur honorifique et un consultant très actif.
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Écrit par
- Hervé DELOUCHE
: documentaliste de presse à la Société générale de presse, rédacteur en chef de la revue
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