RAKOTO RATSIMAMANGA ALBERT (1907-2001)
Né le 28 décembre 1907 à Antananarivo, Albert Rakoto Ratsimamanga était le petit-fils du prince Ratsimamanga, oncle et conseiller de la reine Ranavalona III, exécuté en 1897 au début de la colonisation française de Madagascar. Puisant ses racines dans le xixe siècle malgache, sa vie a été solidaire des grands enjeux historiques et scientifiques de son époque.
D'abord médecin de l'Assistance médicale indigène, il prend conscience de l'immense précarité sanitaire des populations rurales de Madagascar. Accompagnant la délégation malgache pour l'Exposition coloniale de 1930, il continue ses études à Paris et devient docteur en médecine, docteur ès sciences, diplômé de l'Institut de médecine exotique et de l'Institut Pasteur.
Son combat pour la liberté dans un cadre légaliste et pacifiste fut sans relâche. Fondateur en 1934 de l'Association des étudiants d'origine malgache, il s'engage dans les F.F.I. pendant la Résistance. Cofondateur du Mouvement démocratique de la rénovation malgache en 1946, il s'élève contre la répression sanglante de l'insurrection malgache de 1947. À la déclaration de l'indépendance il est nommé ambassadeur de la nouvelle République malgache en France et crée les ambassades en Allemagne fédérale, en U.R.S.S., en Chine, en Corée du Nord et en Sierra Leone.
Il épouse une scientifique française, Suzanne Urverg, qui devient dès lors sa plus proche collaboratrice.
En outre, il représente son pays auprès de l'O.M.S., de la F.A.O.et de l'U.N.E.S.C.O., dont il devient vice-président du conseil exécutif.
Mais Albert Rakoto Ratsimamanga a surtout été un éminent scientifique, de la communauté de pensée des Joliot-Curie, Langevin, Leblond, Nicolle, Minz et bien d'autres.
D'abord assistant à la faculté de médecine de Paris, il est l'un des quatre directeurs scientifiques refondateurs du C.N.R.S. d'après guerre et devient directeur de recherche de classe exceptionnelle.
Ses travaux concernent la biochimie, la physiologie des hormones, notamment corticosurrénaliennes, des vitamines, spécialement la vitamine C. Il montre la présence d'hormones dans l'alimentation et leur rôle dans le développement de l'organisme, tout en dégageant les facteurs de détoxification cellulaire, particulièrement dans le foie, anticipant ainsi la notion moderne de nutraceutique. Son souci permanent est d'apporter concrètement une contribution à la santé publique par la mise sur le marché international de spécialités résultant de ses recherches : citons la Cortine, extrait corticosurrénalien contre les chocs opératoires, le Patelen traitant les hépatites et les réactions lépreuses, le Madécassol, cicatrisant majeur des lésions cutanéomuqueuses graves : brûlures, escarres, gangrènes, plaies lépreuses, inspiré par les observations de botanistes, comme Pierre Boiteau, et de tradipraticiens sur la Centella asiatica, talapetraka.
Par la création de l'Institut malgache de recherches appliquées, l'I.M.R.A., en 1957, il concrétise un des grands rêves de sa vie qui est de mettre au point des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle, adaptés aux ressources des populations du pays. Avec son équipe, il crée des thérapies contre le paludisme, la lèpre, l'asthme, la lithiase, l'hypertension artérielle, les hépatites et autres affections courantes. Il met au point le premier antidiabétique d'origine entièrement végétale, issu d'Eugenia jambolana, rotra.
Actuellement, l'I.M.R.A. est un centre de recherche internationalement connu, travaillant en partenariat national et international, présidé par Suzanne Ratsimamanga-Urverg, entourée de chercheurs de premier plan.
Longtemps doyen de l'Académie nationale malgache, Albert Rakoto Ratsimamanga est professeur émérite de la faculté de médecine d'Antananarivo. Membre[...]
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Écrit par
- Suzy-Andrée RAMAMONJISOA : docteur en psychologie, membre titulaire de l'Académie nationale malgache
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