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SIMONIN ALBERT (1905-1980)

Né à Paris, rue Riquet, Albert Simonin, fils d'une modiste et d'un artisan spécialisé dans les fleurs artificielles, suit les cours de l'école communale de la rue de Torcy et obtient un certificat d'études à douze ans. Orphelin à seize ans, il travaille dans la bijouterie, tout en fréquentant les bals populaires de l'époque : le Balcon, le Balajo, la Grande Roue, de même que les music-halls de quartier : le Petit Casino, Bobino, l'Européen. En 1925, incorporé dans un régiment du génie, à Angers, il y suit l'école de pyrotechnie, est promu artificier de première classe et consacre tous ses loisirs à la lecture. Rendu à la vie civile, il devient bientôt journaliste sportif. Le virus de l'écriture ne l'abandonnera plus.

Certains démêlés avec la justice l'incitent à quitter la France pour l'Espagne, puis la Belgique où il s'exile pendant deux ans. Revenu à Paris en 1930, Simonin se « range des voitures » en devenant chauffeur de taxi, métier qui lui permet de connaître à fond Paris et sa faune clandestine. En collaboration avec Jean Bazin, il écrit un livre anecdotique haut en couleur, Voilà Taxi ! qui, publié chez Gallimard, manque de peu le Prix populiste 1935. Marcel Sauvage procure alors aux deux complices une chronique bihebdomadaire dans L'Intransigeant, « Le billet de l'homme de la rue » où l'argot est utilisé à jet continu. D'autres collaborations suivent, à Détective et à Voilà.

Nous sommes en 1939. La guerre interrompt la double activité de Simonin, qui se retrouve typographe-metteur en pages et marié. La guerre finie, il découvre la Série noire, lancée dès 1945 par Marcel Duhamel, et pense qu'il saurait bien « en faire autant ».

Son premier essai dans le genre, élaboré en 1951, est publié à la fin de février 1953. Il s'agit de Touchez pas au grisbi qui, préfacé par Pierre Mac Orlan et suivi d'un glossaire argotique, décroche le prix des Deux-Magots et se vend à 250 000 exemplaires.

Le cinéma s'empare aussitôt de cette histoire : Touchez pas au grisbi, admirablement filmé par Jacques Becker, marque le début de la seconde carrière de Jean Gabin. Simonin délaisse alors la littérature pour le cinéma. Si ses livres sont peu abondants (une douzaine contre vingt-cinq films), c'est dans ses romans qu'il donne le meilleur de lui-même. Sa trilogie Le Hotu (1968-1971) constitue un témoignage sociologique passionnant sur les mœurs du petit peuple parisien de 1928 à 1930, et mêle discrètement les éléments autobiographiques à l'affabulation romanesque.

On doit également à Simonin l'amusant Le Savoir-vivre chez les truands (1967) et surtout un précieux dictionnaire d'argot, Le Petit Simonin (1959).

L'art de Simonin consiste à entrecouper de sentences argotiques une langue parfaitement châtiée. Dans sa préface à Touchez pas au grisbi, Mac Orlan écrivait à juste titre : « Il donne au fait divers de commissariat le droit d'entrer dans la littérature. »

— Michel LEBRUN

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