SKIRA ALBERT (1904-1973)
Albert Skira est né à Genève. À partir de 1931, il publie des ouvrages de grand luxe : Les Métamorphoses d'Ovide illustrées par Picasso, les Poésies de Mallarmé illustrées par Matisse (1932), Les Chants de Maldoror illustrés par Dalí (1934). Il a été l'éditeur de la revue Minotaure (1933-1939), de l'hebdomadaire Labyrinthe (1944-1946), de La Psychologie de l'art de Malraux (1947-1949) et de nombreuses collections consacrées à l'histoire de la peinture : Trésors de la peinture française ; Les Grands Siècles de la peinture ; Peinture, couleur, histoire ; Le Goût de notre temps ; Art, idées, histoire. Il est mort à Genève le 14 septembre 1973.
Il a été l'éditeur d'art le plus célèbre et surtout le plus créateur de son époque. Les collections qui firent son audience auprès du grand public ont modifié le rapport à la peinture grâce à la perfection croissante des reproductions en couleurs : le Musée imaginaire, qu'il met en scène et diffuse, est à ses yeux, en effet, inséparable de la couleur. Mais, s'il est devenu éditeur, c'est pour s'être acharné à obtenir de Picasso des eaux-fortes originales pour un texte. Amener les grands artistes qu'il admirait – et avec lesquels il se trouvait aussitôt de plain-pied – à faire ce qu'ils n'auraient pas eu l'idée de faire sans lui, puis entrer lui-même dans le jeu créateur en lui apportant l'espace et les justes structures qu'il appelle : telle fut la vraie vocation d'Albert Skira. À propos de Minotaure, où la réversibilité de l'image et du texte a vraiment révélé le surréalisme, Eluard a dit à quel point son éditeur savait « fondre, comme nul autre, les blancs et les noirs en une harmonie aussi douce que le prisme ». Une collection entreprise en 1969 – Les Sentiers de la création – où écrivains et artistes sont invités à chercher à travers les mots et les images les ressorts de leur démarche, témoigne de la permanence de cette recherche. De nul éditeur on ne peut dire comme de lui qu'il fut l'ami de ceux qu'il publia : de Picasso à Breton, de Matisse à Eluard, de Derain à Dalí, de Malraux à Bataille.
Plus secrètement, Skira écrivait des poèmes dont on fit un recueil : Rien pour rien.
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Écrit par
- Gaëtan PICON : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
Classification
Autres références
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ILLUSTRATION
- Écrit par Ségolène LE MEN et Constance MORÉTEAU
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