SZENT-GYÖRGYI ALBERT (1893-1986)
Savant d'origine hongroise, Albert Szent-Györgyi, travaillant à l'université de Cambridge (1927-1929) et à la Mayo Foundation, à Rochester, Minnesota (1928), trouva et isola, à partir du suc de plantes et d'extraits des glandes surrénales, un agent réducteur organique, de formule C6H8O6, qu'il appela acide hexuronique. Quatre années plus tard, professeur de chimie médicale à l'université de Szeged, en Hongrie (1931-1945), il démontra, en même temps que W. A. Waugh et C. G. King, que cet acide est bien la vitamine C antiscorbutique. Ce résultat permit de comprendre les observations faites en 1907 par Axel Holst et Alfred Frölich au cours d'une étude sur l'alimentation des marins. Ces auteurs réussirent, en effet, à reproduire chez le cobaye des états scorbutiques ; ceux-ci sont prévenus et guéris par certains aliments riches en « principe antiscorbutique », tels que le chou. Au nom d'acide hexuronique est alors substitué celui d'acide ascorbique. Depuis lors la synthèse de cet acide a été réalisée.
Comprenant que l'acide ascorbique représentait seulement l'un des nombreux agents transporteurs d'hydrogène impliqués dans la respiration cellulaire, Szent-Györgyi se tourna vers l'étude des composés organiques connus pour jouer un rôle dans la conversion des produits de dégradation des glucides en acide carbonique, eau, et autres substances nécessaires à la production de l'énergie utilisable par la cellule. En 1935, il découvrit que l'acide fumarique à quatre carbones représente l'un de ces composés intermédiaires ; il est synthétisé à partir de l'acide succinique à quatre carbones, puis transformé en acide citrique à six carbones. Cette découverte posa les fondements qui allaient permettre au Britannique Hans Krebs d'élucider, deux ans plus tard, la conversion complète du cycle (« cycle de Krebs »).
En 1936, Szent-Györgyi proposa d'appeler vitamine P un flavonoïde naturel possédant une activité sur la résistance et la perméabilité des capillaires. L'usage de ce terme n'a pas été généralement accepté. Szent-Györgyi et ses collaborateurs pensaient que le scorbut expérimental est une maladie de carence causée par le « défaut combiné de vitamines C et P ». (En 1943, J. Lavollay et ses collaborateurs montraient que l'activité de ces composés sur la résistance vasculaire est indépendante de toute carence en acide ascorbique, qu'ils forment des complexes stables avec Cu2+ et inhibent la dégradation de l'adrénaline in vitro et in vivo.)
Se vouant à l'étude de la biochimie de l'action musculaire, il découvrit dans le muscle une protéine qu'il appela « actine », démontra que celle-ci — en combinaison avec la myosine, protéine musculaire — est responsable de la contraction, et prouva que l'adénosine triphosphate (ATP) est la source d'énergie nécessaire à la contraction.
Émigrant aux États-Unis en 1947, il fut nommé directeur de l'Institute for Muscle Research, à Woods Hole (Mass.), où il dirigea des recherches sur les causes de la division cellulaire et, à partir de là, sur le cancer.
Opposant acharné de la politique militaire américaine au Vietnam, il écrivit The Crazy Ape (1970), commentaire critique et pessimiste sur les dirigeants politiques et sur les chances de survie de l'homme.
Parmi ses autres ouvrages, on peut citer On Oxidation, Fermentation, Vitamins, Health and Disease (1940), Chemical Physiology of Contractions in Body and Heart Muscle (1953), et Introduction to a Submolecular Biology (1960).
Ses découvertes concernant les rôles joués par certains composés organiques, spécialement la vitamine C, dans l'oxydation des aliments par les cellules lui ont valu, en 1937, le prix Nobel de physiologie et médecine.
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Écrit par
- Michel PRIVAT DE GARILHE : ingénieur-docteur, docteur ès sciences, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, ingénieur E.S.C.I.L.
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