VANDEL ALBERT (1894-1980)
Biologiste français, Albert Vandel a reconnu lui-même qu'il avait une vocation innée de naturaliste que ses parents n'ont jamais essayé de contrecarrer. Né à Besançon le 26 décembre 1894, il s'intéressait dès son enfance à la faune des eaux douces et visitait déjà les grottes du Jura. Cette vocation s'est épanouie grâce à son maître, Maurice Caullery, directeur du laboratoire d'Évolution des êtres organisés à la faculté des sciences de Paris. Caullery avait discerné chez cet étudiant des qualités de chercheur, précis et méthodique, et l'avait choisi comme assistant. Vandel prépare alors une thèse de doctorat ès sciences naturelles, qu'il soutiendra le 23 novembre 1922. Sa thèse a pour sujet : Recherches expérimentales sur les modes de reproduction des Planaires triclades paludicoles. La même année, il devient maître de conférences à Toulouse, où il sera nommé professeur sans chaire en 1927 et professeur titulaire de 1930 jusqu'à sa retraite. À la mort de R. Despax, il assume la direction de la station biologique du lac d'Orédon. En 1946, il fonde la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire. De 1946 à 1948, à Moulis (Ariège), il fait construire un laboratoire souterrain, qu'il dirigera de 1948 à 1966. En 1957, il sera élu à l'Académie des sciences ; il était déjà membre de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse et mainteneur des Jeux floraux. Il s'est éteint à Toulouse le 11 octobre 1980, à quatre-vingt-six ans.
Son œuvre est abondante (9 ouvrages, 350 notes et mémoires) et fort importante. Essentiellement individuelle, bien qu'il eût de nombreux élèves, elle présente trois aspects : zoologique, biologique, philosophique. Ses premiers travaux ont trait aux Planaires : en particulier, reproduction asexuée et sexuée, régénération, dédifférenciation, régulation morphogénétique. Vient ensuite l'étude minutieuse de petits Crustacés isopodes terrestres, les cloportes Trichoniscus : dans certaines régions, il constate une spanandrie (rareté des mâles) qui résulte d'une parthénogenèse géographique associée à une constitution chromosomique particulière (triploïdie). Il étudie le déterminisme des caractères sexuels secondaires et les perturbations apportées par le parasitisme. Il signale des cas de monogénie (une femelle ne produit que des embryons d'un seul et même sexe, soit des mâles, soit des femelles). Il révèle la grande fréquence des mutations albines. Il étudie tout particulièrement la systématique et la distribution géographique des isopodes terrestres. Il constate enfin que les isopodes cavernicoles édifient dans l'argile des logettes de mue et de parturition, comportement inconnu chez les formes épigées. Dès 1948, au laboratoire de Moulis, il entreprend l'élevage de cavernicoles (insectes et protées), rendant ainsi possible l'étude de leur reproduction et de leur développement, jusque-là inconnus. Il devient possible aussi de mesurer leur activité physiologique et de rechercher les sources de leur alimentation. Les élevages de protées révèlent des différences essentielles entre l'adulte (blanc avec œil dégénéré) et la larve (noirâtre avec œil noir apparent). La régression de l'œil chez cet animal n'est-elle pas la conséquence de la vie souterraine ? Le problème de l'évolution est donc au centre des préoccupations philosophiques d'Albert Vandel, car l'hypothèse néodarwinienne ne lui donne pas satisfaction. Il préconise les notions de paliers et de niveaux évolutifs ; chaque palier différant du précédent par une « complexification ». Pour lui, l'homme n'est pas l'aboutissement de l'évolution, mais un terme de passage.
Bien qu'il ait été très attentif à la vie et aux travaux de ses contemporains[...]
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Écrit par
- Andrée TÉTRY : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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