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CAVALCANTI ALBERTO (1897-1982)

Né Alberto De Almeida-Cavalcanti à Rio de Janeiro, ce jeune esthète, qui a fait en Suisse des études de droit et d'architecture, se mêle à l'avant-garde parisienne des « années folles », collaborant avec Fernand Léger et Mallet-Stevens aux décors de L'Inhumaine (1923), avec Lazare Meerson à ceux de Feu Mathias Pascal (1925), deux films de Marcel L'Herbier. Il dessinera à Londres les décors de The Little People (George Pearson, 1926). Quand il passe à la réalisation, il abandonne la stylisation postcubiste pour un intimisme mélancolique dont témoignent Rien que les heures (1926), Yvette (1926), En rade (1927) et La P'tite Lilie (1929). La vedette de ce dernier film est Catherine Hessling, compagne de Jean Renoir. C'est d'ailleurs l'amitié de Renoir (qui jouera le rôle du Loup dans Le Petit Chaperon rouge de Cavalcanti, 1929) qui consacre après coup la modeste célébrité du Brésilien, bientôt désarçonné par le parlant et contraint de se plier aux impératifs commerciaux (Plaisirs défendus, 1933).

En 1934, toutefois, Cavalcanti accepte l'invitation de John Grierson, qui met sur pied le G.P.O. Film Unit : il est à Londres tour à tour ou simultanément directeur de production, superviseur technique et scénariste de nombreux documentaires – activité, couronnée en 1942 par Film and Reality, compilation d'extraits de cinquante-huit films commandée par le British Film Institute et charte du « réalisme poétique » britannique, dont il tirera un livre (Cavalcanti a écrit quantité d'essais théoriques). Engagé aux Studios Ealing, il signe en 1945 l'un des sketches (celui du ventriloque) du film d'épouvante Au cœur de la nuit (Dead of the Night) et laisse accroire qu'il a « supervisé » l'ensemble. Ses autres films britanniques sont pourtant bien anodins, à l'exception d'un Nicholas Nickleby assez réussi (1947).

En 1949, on le retrouve au Brésil, où il s'efforce de donner vie à une industrie cinématographique balbutiante depuis les années trente : il produit Caicana (1950) le film d'un jeune et aventureux Italien, Adolfo Celi, qui, de retour dans sa patrie, deviendra un acteur célèbre, puis réalise lui-même deux films dont Le Chant de la mer (1953). Accusé de sympathies communistes, ayant obtenu une récompense au festival de Karlovy-Vary, Cavalcanti accepte l'invitation de la R.D.A. et tourne en Autriche Maître Puntila et son valet Matti (1955) : Bertolt Brecht dira que c'est la meilleure adaptation cinématographique qu'il ait vue d'une de ses œuvres. Avec cet exercice de fidélité scolaire, Cavalcanti a cru peut-être recommencer une carrière européenne. Mais de ses projets n'aboutissent qu'un Château des Carpathes d'après Jules Verne (1957), tourné en Roumanie, et en Italie Les Noces vénitiennes (1958, avec Martine Carol), consternant ratage. Calvacanti travaille pour la télévision britannique, confectionne pour l'État d'Israël un documentaire sur Theodor Herzl (1967) et tente, lors de son retour au Brésil, de s'imposer comme précurseur moral du « Cinema Novo », qui ne lui doit rien. Il termine son existence agitée en se partageant entre Paris et Londres, où il donne des cours d'histoire du cinéma.

— Gérard LEGRAND

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