CONTADOR ALBERTO (1982- )

Vainqueur du Tour de France en 2007, l'Espagnol Alberto Contador a remporté le Giro et la Vuelta en 2008. Il devenait ainsi le cinquième champion cycliste lauréat des trois grands Tours, après Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Eddy Merckx et Bernard Hinault. Peut-il pour autant se voir comparé à ses glorieux prédécesseurs ? Non, sans doute, et ce pour de multiples raisons. Peut-on le considérer comme le plus grand champion de sa génération ? Il est difficile de le dire, malgré ses nouvelles victoires dans le Tour de France en 2009 et en 2010 (annulée par le Tribunal arbitral du sport), dans le Giro en 2011 (également annulée par le Tribunal arbitral du sport), dans la Vuelta en 2012. Alberto Contador s'est en effet affirmé au moment où le cyclisme professionnel connaissait une crise sans précédent – mais lui-même n'est-il pas l'un des protagonistes des turbulences qui ont conduit à cette crise ? La trajectoire d'Alberto Contador, qui a frôlé la mort en course, sort pourtant de l'ordinaire.

Alberto Contador est né le 6 décembre 1982 à Madrid, dans une famille modeste. Il prend rapidement conscience que ses qualités physiques peuvent lui permettre de réussir dans le sport cycliste et s'entraîne donc avec assiduité. À dix-sept ans, il est repéré par Manolo Saiz, personnage sulfureux dont le nom revient régulièrement quand on évoque le dopage, lequel l'engage et le fait courir au sein de l'équipe basque Iberdrola Loinas. Alberto Contador ne regrettera jamais cette collaboration initiale. De ce fait, nombre d'acteurs et d'observateurs du cyclisme professionnel considèrent que les performances de l'Espagnol sont marquées du sceau du doute. À dix-huit ans, Alberto Contador arrête définitivement ses études. Il se distingue en effet déjà dans diverses courses mineures : sa voie est tracée, il deviendra coureur cycliste professionnel. Il fait ses débuts chez les professionnels en 2003, au sein de la formation Once, dirigée par Manolo Saiz, équipe sponsorisée par Liberty-Seguros à partir de 2004.

Sa vie aurait pu tourner au tragique en mai 2004. Victime d'une rupture d'anévrisme alors qu'il dispute le Tour des Asturies, il demeure dans le coma durant trois semaines ; en outre, les médecins diagnostiquent un œdème cérébral. À l'image d'Armstrong, qui avait vaincu le cancer avant de remporter le Tour de France, Alberto Contador est une sorte de miraculé du sport. On fera souvent le parallèle entre les deux champions, mais en insistant plus sur le doute que sur le respect... Contador se remet au travail en fin d'année et peut reprendre la compétition au début de 2005. Il s'impose notamment de longues séances de contre-la-montre. En effet, il a déjà compris que, pour remporter un jour une épreuve par étapes majeure, ses dons de grimpeur ne suffiront pas et qu'il lui faut réaliser d'honnêtes performances dans cet exercice spécifique de l'effort solitaire, presque toujours déterminant pour le classement général. En mai 2006, les noms des personnes impliquées dans l'opération Puerto – une vaste affaire de dopage sanguin – sont révélés. Manolo Saiz se trouvant en première ligne, Liberty quitte immédiatement le cyclisme ; Liberty-Seguros devient Astana-Würth. Néanmoins, Contador ne pourra pas prendre le départ du Tour : son nom ainsi que celui de plusieurs de ses équipiers apparaissent dans le dossier de la justice espagnole ; la formation Astana-Würth ne peut pas participer à la Grande Boucle. Contador sera blanchi par la justice dès juillet 2006, mais la rumeur demeurera tenace, d'autant que Contador ne fera pas grand-chose pour dissiper les soupçons – il refusera notamment, durant l'hiver 2006-2007, un test ADN destiné à comparer les échantillons de sang saisis dans le cadre de l'opération Puerto.[...]