FUJIMORI ALBERTO (1938-2024)
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Homme politique péruvien, président de la république du Pérou de 1990 à 2000.
Né le 28 juillet 1938 à Lima, fils d'immigrés japonais, Alberto Fujimori obtient un diplôme d'agronomie à Lima en 1961, avant de poursuivre ses études à l'étranger. De retour au Pérou, il enseigne dans son université d'origine, dont il devient recteur (1984-1989). En 1988-1989, Fujimori anime une émission télévisée, qui aborde les questions environnementales et agraires.
En 1989, alors que le Pérou est touché par la guérilla maoïste du Sentier lumineux et l'hyper-inflation, Fujimori prend la tête d'un nouveau parti, Cambio 90, en vue de l'élection présidentielle. Sa campagne attire l'attention en raison de son ascendance japonaise et de sa rhétorique populiste, qui critique notamment la politique libérale défendue par le candidat conservateur, l'écrivain Mario Vargas Llosa. En juin 1990, Fujimori bat largement son opposant avec 56,5 % des suffrages. Dès le 8 août, il met en place des mesures d'austérité sévères, alors qu'il les avait décriées, en particulier une hausse des prix du carburant de 3 000 %. Cette politique, communément surnommée « Fujichoc », jugule l'inflation mais provoque des licenciements immédiats et frappe durement les classes populaires.
En avril 1992, de plus en plus gêné par le Congrès, souvent opposé à ses programmes, Fujimori organise un autogolpe(« auto-coup d'État ») avec le soutien de l'armée. Il déclare ainsi l'état d'urgence, proclame la dissolution du Congrès et élabore une nouvelle Constitution (promulguée en 1993). Ses alliés politiques remportent alors la majorité des sièges de l'Assemblée, permettant au président de mener son programme sans aucune opposition. Sur le plan économique, il prend des mesures néolibérales comme la privatisation des mines et d’entreprises publiques. Il lance également une campagne contre les tentatives de sédition, notamment en armant les villageois et en traduisant en secret des terroristes présumés devant des tribunaux militaires. Il parvient, en 1992, à capturer Abimaël Guzmán, chef du Sentier lumineux. En 1997, il organise l'assaut par les forces de l'ordre de l'ambassade du Japon à Lima, où des dizaines d'otages sont retenus par le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru.
Fujimori est facilement réélu pour un second mandat lors de l'élection de 1995, avec 64 % des votes. Cependant, Vladimiro Montesinos, chef de la police secrète et bras droit de Fujimori, accroît son influence sur l'armée et utilise ses hommes pour infiltrer les partis d'opposition, corrompre les députés et le personnel chargé des élections, bâillonner les médias, détourner des fonds publics et violer les droits de l'homme, en pratiquant notamment des arrestations illégales et la torture. De nombreux Péruviens accusent alors Fujimori de laisser faire et de détruire les preuves de ces actes.
Fujimori se porte candidat pour un troisième mandat en 2000, après s'être défait des juges ayant déclaré sa candidature inconstitutionnelle. Le principal candidat d'opposition, Alejandro Toledo, refuse de participer au second tour de l'élection en raison de fraudes électorales. Fujimori remporte ainsi le scrutin mais est condamné par le gouvernement américain et critiqué par un nombre grandissant de Péruviens. Son gouvernement s'effondre à la fin de l'année 2000 lorsqu'une vidéo montre Montesinos achetant un membre du Congrès. Accusé de corruption, Fujimori quitte le Pérou et se réfugie au Japon, d'où il annonce sa démission par fax.
Lorsque les autorités péruviennes étudient les charges pesant contre Fujimori, notamment l'assassinat de plus de vingt personnes par des escadrons de la mort, le gouvernement japonais déclare en 2001 qu'il possède la double nationalité[...]
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