MONDADORI ALBERTO (1914-1976)
Fils d'Arnoldo Mondadori, fondateur de la maison d'édition du même nom, Alberto est né à Ostiglia, province de Mantoue. Il étudia à Vérone et à Milan, puis fréquenta la faculté des sciences politiques à Pavie, mais sans acquérir de diplôme. Son activité multiple commença par le journalisme, avec la direction de la revue politique et culturelle Camminare, à laquelle collaborèrent Remo Cantoni, Enzo Paci, Luciano Anceschi, Alberto Lattuada, Mario Monicelli et d'autres – alors tout jeunes mais qui deviendront des personnalités marquantes du monde de la culture en Italie. Il collabora aussi à des journaux comme Il Messaggero et Il Corriere della sera. Pendant quelques années, à partir de 1935, il se prit d'intérêt pour le cinéma, travailla comme assistant de metteur en scène et metteur en scène, remporta même un prix au concours international du film d'atmosphère à Venise, avec I Ragazzi della via Paal (« Les Gamins de la rue Paal »), résumé libre mais saisissant du fameux roman de Molnár. Mais, en 1939, il revint au journalisme, fondant, et dirigeant jusqu'en 1943, l'hebdomadaire Tempo, événement d'importance pour l'Italie. C'était en effet un nouveau type de périodique, destiné à un large public et dans lequel on prêtait une attention particulière à la littérature, aux arts et à la culture en général. Y collaborèrent, entre autres, Elio Vittorini, Massimo Bontempelli, Salvatore Quasimodo, Renato Guttuso, Carlo Carrà, Giansiro Ferrata, Raffaele Carrieri, Alberto Moravia, Alberto Savinio, Carlo Bernari et Cesare Zavattini. Un des mérites de la revue fut aussi de publier les vers de poètes peu connus ou totalement ignorés, mais destinés à la célébrité, comme le Prix Nobel (1959) Salvatore Quasimodo, Vittorio Sereni, alors tout jeune, Vincenzo Cardarelli et Giuseppe Ungaretti ; par la suite, Mondadori leur demanda à plusieurs reprises de participer à ses initiatives variées dans le domaine de la culture et de l'édition.
Dans l'immédiat après-guerre, Alberto Mondadori prend la direction de la maison Mondadori ; il devine que la culture italienne, très longtemps avilie par la censure fasciste, manifeste de nouvelles exigences et que le goût des lecteurs évolue. Beaucoup d'auteurs étrangers, certains interdits jusque-là, viennent enrichir le catalogue de l'entreprise paternelle, de Dos Passos à Hemingway, de Malraux à Sartre, d'Orwell à Thomas Mann. Il fonde deux nouvelles collections : Lo Specchio, première tentative d'un corpus méthodique de la poésie italienne contemporaine, et la Biblioteca moderna Mondadori, qui présentait en édition bon marché des classiques, des auteurs contemporains et des livres de portée diverse. Sans abandonner cette activité, il fonde en 1949 l'hebdomadaire Epoca, qu'il dirigera jusqu'en 1951. Mais son activité débordante d'éditeur et de journaliste semble avoir masqué un tourment, une inquiétude, qui ne dissimulait pas tout à fait des ambitions plus créatrices. Ses amis se souvenaient en effet que, depuis l'époque de son exil en Suisse, en 1943, il tenait cachés, en même temps qu'une correspondance avec des écrivains, de nombreux écrits personnels et peut-être un roman. En tout cas, Mondadori publie en 1957 sa première œuvre poétique, fruit d'une recherche qui avait mûri lentement, Quasi una vicenda (« Une sorte d'aventure »), avec la caution, peut-être trop prestigieuse pour ne pas porter ombrage, de son ami le critique Giacomo De Benedetti. Ce recueil de vers reçut la même année le prix Viareggio. Entre-temps, la maison d'édition paternelle ayant pris, à son avis, une trop grande expansion, il s'en détache, comme s'il sentait à quel point ses propres initiatives cadraient mal avec les lois inflexibles du marché. En 1958, avec Giacomo De Benedetti, qui restera jusqu'à sa mort le principal[...]
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Écrit par
- Piero GELLI : professeur de littérature italienne, directeur de la publication des éditions Garzanti
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