SARTORIS ALBERTO (1901-1998)
L'architecte italien Alberto Sartoris a toujours montré sa prédilection pour le dessin axonométrique, ce mode de représentation étant pour lui une technique descriptive qui, en intégrant plans et coupes, nous renseigne de manière concise sur tous les aspects du projet architectural, y compris sa disposition dans l'espace. Le nom de Sartoris reste davantage lié à ses créations de dessins et à ses activités de publiciste qu'à ses propres réalisations architecturales.
Né à Turin le 2 février 1901, Sartoris accomplit ses études d'architecture à l'école des Beaux-Arts de Genève, de 1916 à 1919. De 1922 à 1926, il s'établit à Turin dans l'atelier d'Annibale Rigotti. Celui-ci l'introduit dans le cercle des intellectuels réunis autour du collectionneur Riccardo Gualino, où Sartoris rencontre les peintres Felice Casorati, Luigi Fillia et l'historien de l'art Lionello Venturi. En collaboration avec Casorati, Sartoris réalise un théâtre privé pour Gualino (1924-1925). Là, il expérimente l'intégration des arts qu'il défend. Casorati lui aurait dit : « Nous devons faire un théâtre ensemble ; je réaliserai les sculptures, toi l'architecture, mais il faut faire une œuvre métaphysique. » Mais des querelles autour du projet décident Sartoris à interrompre sa collaboration.
Son premier contact avec les avant-gardes internationales, en particulier les futuristes italiens, a lieu à l'occasion de l'Exposition internationale d'art moderne à Genève (1920-1921) à laquelle participe Marinetti. L'exposition parisienne du groupe De Stijl à la galerie de l'Effort moderne, à l'automne de 1923, attire son attention sur le procédé analytique appliqué par De Stijl pour dépasser la vision perspective héritée de la Renaissance et sur les possibilités offertes par les axonométries en couleur. Attentif à saisir la portée des idées nouvelles, Sartoris se lie, dès 1926-1927, avec le groupe naissant des rationalistes italiens mais sa collaboration avec Giuseppe Terragni ne commencera que vers la fin des années 1930. C'est en 1927 qu'il adhère au futurisme. Présent dans toutes les expositions et dans tous les débats, Sartoris, l'« ambassadeur de l'architecture italienne à Genève », fait bénéficier les Italiens de ses rapports avec les milieux internationaux. En 1928, il participe à l'Exposition des communautés artisanales à Turin ainsi qu'à la première Exposition d'architecture rationnelle au palais des Expositions à Rome, où, parmi les dessins exposés, figure l'axonométrie du pavillon des Communautés artisanales, que Sartoris présente comme le premier projet d'architecture rationaliste jamais réalisé en Italie. La même année, il représente l'Italie au C.I.A.M. de La Sarraz en Suisse. Sa collaboration aux publications du peintre futuriste Luigi Fillia, La Città Futurista et La Città Nuova, commence en 1929, date à laquelle il publie des articles sur la nouvelle architecture dans la revue La Casa Bella. Son essai Antonio Sant'Elia(1930) situe l'architecte futuriste en précurseur du processus de renouveau de l'architecture italienne. Cofondateur de Cercle et carré, Sartoris participe à la première exposition internationale du groupe à la Galerie 23 de Paris ; en 1931, il devient membre d'Abstraction-Création. Pour Sartoris, ce sont les peintres qui ont inventé l'architecture moderne. « Les peintres et les poètes cubistes et néo-plasticiens, violemment prodigues de leur génie et de leur lyrisme constructif, firent davantage pour l'architecture moderne – écrit-il – que ce que n'a pu faire la masse anonyme des architectes. » Entre 1930 et 1932 Sartoris réalise quatre « tableaux d'architecture », ses plus beaux dessins : la villa-studio du peintre Jean-Saladin van Berchem à [...]
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Écrit par
- Marilù CANTELLI : architecte, historienne de l'art
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