ALBI
Albi, préfecture du Tarn, est l’une des villes « moyennes » de la région Occitanie, très loin cependant derrière Perpignan, Montpellier et Toulouse. Avec 51 510 habitants (recensement de 2012), elle se trouve au centre d'une agglomération de dix communes (73 510 hab.) et d'une aire urbaine qui en compte quarante-sept (97 767 hab.), dans laquelle vit une part importante de sa population active.
La vieille ville est installée sur un promontoire dominant le Tarn sur lequel la construction d'un pont, vers 1050, facilita l'essor du commerce. Ce « Pont-Vieux », plusieurs fois remanié, est un des éléments du très beau panorama urbain auquel la brique rouge donne des couleurs exceptionnelles. La pièce maîtresse de cet ensemble est la cathédrale Sainte-Cécile, joyau de l'architecture gothique du Midi toulousain, construite à partir de 1277 et dont la sobriété extérieure contraste avec la décoration des voûtes et du chœur. À proximité, le palais épiscopal de la Berbie, élevé dans la seconde moitié du xiiie siècle, et doté de beaux jardins surplombant la rivière, abrite le musée Toulouse-Lautrec (peintre né dans la ville en 1864). D'importants travaux ont permis de mettre en valeur ce patrimoine et son environnement urbain immédiat. Dans le « Vieil Albi », le promeneur peut désormais admirer la collégiale et le cloître Saint-Salvi, les hôtels particuliers, témoignages de la prospérité de la bourgeoisie locale, enrichie au xvie siècle par le négoce du pastel. L'unité et la beauté architecturale du centre historique, les résultats d'une politique de sauvegarde et de mise en valeur justifient le classement de la cité épiscopale d’Albi au patrimoine mondial de l'humanité par l'U.N.E.S.C.O. en 2010.
La proximité des mines de Carmaux, l'arrivée du chemin de fer en 1864, l'équipement hydraulique du Tarn en amont et la construction d'un nouveau pont routier sur cette rivière, dans la ville même, ont contribué à transformer l'espace urbain et la société locale à la fin du xixe siècle. Les Lices furent aménagées en axe majeur marqué par une logique haussmannienne, de même que l'ancien foirail, devenu place du Vigan, témoignait de l'émergence d'une nouvelle centralité. L'industrie s'est développée à l'échelle de l'agglomération : essor, à la fin du xixe siècle, de l'usine métallurgique du Saut-du-Tarn à Saint-Juéry ouverte en 1835 ; mise en exploitation en 1891, par la Compagnie des mines d'Albi, de nouveaux puits de charbon à Cagnac ; installation de la Verrerie ouvrière d'Albi, coopérative créée par les ouvriers, avec l'appui de Jean Jaurès, à la suite de la grève qui les a opposés, en 1895, à leurs patrons de la verrerie de Carmaux. La Première Guerre mondiale a suscité d'autres projets d'industrialisation dans cette région éloignée du front : ce sont les débuts de l'industrie chimique, reconvertie ensuite dans la production de textiles synthétiques avec l'usine de « La Viscose ».
Toutes ces activités industrielles ont beaucoup souffert, depuis les années 1970, de la crise économique, ce qui explique le classement en 1984 du bassin Albi-Carmaux dans la catégorie des pôles de conversion, susceptibles de bénéficier d'aides spécifiques des pouvoirs publics. Bien des espoirs ont été déçus et la ville s’est réorientée vers des activités tertiaires, profitant notamment des « retombées » du dynamisme de Toulouse. Dans ce but ont été améliorées les liaisons avec la métropole régionale : construction de l'autoroute A68, gratuite dans le Tarn, renforcement des dessertes ferroviaires par le Conseil régional. L'implantation d'une école des Mines (1992) et la transformation des antennes des trois universités toulousaines en établissement public administratif autonome,[...]
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Écrit par
- Robert MARCONIS : professeur des Universités à l'université de Toulouse-Le-Mirail
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Médias