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ALBORNOZ GIL ÁLVAREZ CARRILLO DE (1310-1367)

Cardinal espagnol, restaurateur des États pontificaux en Italie durant le séjour des papes en Avignon. Issu d'une noble famille de Cuenca, le cardinal Albornoz fut le condisciple à l'université de Toulouse d'Étienne Aubert, qui monta en 1352 sur le trône de saint Pierre sous le nom d'Innocent VI. Il fit d'abord carrière ecclésiastique en Castille et devint archevêque de Tolède en 1338. Il joua un rôle éminent en poussant le roi Alphonse XI à poursuivre la Reconquista sur les musulmans et en l'aidant, par ses conseils, à soumettre à une loi uniforme les constitutions municipales très diverses de son royaume (constitution d'Alcalá qu'Albornoz rédigea lui-même en 1348).

À la suite d'un incident qui l'oppose à son souverain, il quitte l'Espagne en 1350 et rejoint à Avignon la curie, où, en tant que cardinal, il a régulièrement place. En 1353, Innocent VI le nomme légat pour toute l'Italie et vicaire général de toutes les possessions de l'Église avec mission de les ramener sous l'autorité du Saint-Siège, qui en a perdu le contrôle depuis son installation en Avignon, malgré les efforts de Jean XXII (1316-1334). C'est l'accomplissement de cette mission qui fait de lui l'un des personnages les plus importants de l'histoire des États pontificaux.

Albornoz entreprend la reconquête en partant du Sud, c'est-à-dire de Rome, où il réussit à se rétablir en jouant habilement de la piété romaine pour la papauté — piété avivée par le jubilé de 1350 — et en manipulant le tribun populaire Cola di Rienzo. Il prend à son service les barons locaux et les milices des villes fidèles et il solde des compagnies de mercenaires. Grâce à cette aide, il arrache Viterbe et Orvieto à Jean de Vico ; puis, dans une grande assemblée tenue à Montefiascone pour le patrimoine proprement dit, il obtient serment de fidélité de tous les vassaux du pape et des représentants de toutes les communes, en échange de quoi les uns et les autres gardent leurs biens et privilèges sous la souveraineté pontificale. La même méthode lui permet de pacifier le duché de Spolète, la Marche d'Ancône, la Romagne. Là, il se heurte au Milanais Barnabé Visconti, qui parvient à le faire rappeler en 1357. Innocent VI, cependant, comprend son erreur et charge d'une nouvelle légation Albornoz, qui reprend l'avantage et s'empare de Bologne (1360). À cette date, il a introduit dans l'ensemble des États de l'Église les constitutions d'abord données à la Marche d'Ancône et qu'on appelle constitutions égidiennes (de son prénom Gil, Egidius en latin). Ces constitutions, qui unifiaient la législation et l'administration tout en maintenant aux cités des statuts particuliers, réglèrent jusqu'en 1816 la vie des États, qu'Albornoz avait pour ainsi dire recréés.

Après la mort d'Innocent VI (1362), Urbain V, désireux d'agir en Orient contre les Turcs, voulut restaurer la paix en Italie et conclut un accord avec Barnabé Visconti, auquel il redonna le titre de vicaire de l'Église à Bologne. Albornoz essaya vainement de s'opposer à cette politique ; il dut, dans les mois suivants, veiller à ce que le Milanais ne profitât point trop de ces avantages retrouvés, tout en gérant au mieux les États. Il mourut après avoir vivement conseillé au pape de quitter Avignon et de réinstaller à Rome le siège de la papauté.

— Marcel PACAUT

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  • : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lyon-II-Lumière

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