Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALCALOÏDES

Rôle dans les organismes d'origine

En se limitant au cas des végétaux qui restent la source essentielle des alcaloïdes, le rôle qu'y jouent ces derniers est actuellement assez obscur. Il apparaît en définitive comme devant être variable et, en tout cas, non vital pour la plante.

D'un point de vue purement physiologique, il a été postulé que les alcaloïdes sont des « impasses métaboliques », substances élaborées au terme d'une chaîne de réactions biochimiques, mais non utilisées ni transformées. Il y a dès lors accumulation dans certains tissus, comme la quinine dans les écorces de quinquina. À l'inverse, des observations effectuées sur la ciguë ou le latex du pavot suggèrent que leurs alcaloïdes seraient des métabolites intermédiaires à finalité inconnue dont la teneur varie en fonction de l'heure et de l'activité photosynthétique.

Un rôle de défense est fréquemment avancé, bien que peu de données expérimentales soient disponibles à cet égard (activité antibiotique par exemple). Dans une vue plus finaliste, il est connu que diverses plantes à alcaloïdes ne sont pas consommées par les animaux sauvages en raison de leur amertume ou de leur mauvaise tolérance (colchique). Ces observations se retrouvent chez les insectes ou les batraciens producteurs d'alcaloïdes : la coccinelline des coccinelles, très amère, la batrachotoxine des venins de crapaud apparaissent dissuasives vis-à-vis des ennemis de l'espèce. À ce titre, les alcaloïdes pourraient intervenir indirectement dans la sélection naturelle et l'évolution.

Avec la mise en évidence de relations plantes-insectes se profile une vocation écologique, en tant qu'agents de communication chimique. Diverses borraginacées produisent des alcaloïdes à noyau pyrrolizidine toxiques pour les animaux à sang chaud mais bien tolérés par les papillons, qui les utilisent pour élaborer des substances attractives sexuelles (phéromones « aphrodisiaques ») ou des hormones de mue. On observe alors un synchronisme entre le développement de la plante et celui de l'insecte.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sud, Centre d'études pharmaceutiques de Châtenay-Malabry

Classification

Médias

Dicotylédones produisant des alcaloïdes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dicotylédones produisant des alcaloïdes

Alcaloïdes d'origine animale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alcaloïdes d'origine animale

Alcaloïdes d'origine végétale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Alcaloïdes d'origine végétale

Autres références

  • ACONITINE

    • Écrit par
    • 374 mots

    L'aconit, renonculacée, se récolte, en France notamment, dans les régions marécageuses et en montagne. Pour extraire l'aconitine, la racine séchée et pulvérisée est épuisée par une solution alcoolique d'acide tartrique ; on élimine l'alcool par distillation, on met le tartrate d'aconitine en solution...

  • ANESTHÉSIE

    • Écrit par et
    • 4 117 mots
    • 2 médias
    En 1860, à Göttingen, Albert Niemann (1834-1861) isola, à partir d'un extrait de feuilles de coca, un alcaloïde qu'il baptisa cocaïne et qui fut considéré comme un simple stimulant, voisin de la caféine. À Vienne, Carl Koller et Sigmund Freud avaient constaté que les cristaux de cocaïne...
  • ATROPINE

    • Écrit par
    • 415 mots

    Substance cristalline, toxique, appartenant à la classe des alcaloïdes. On l'obtient à partir de la L-hyociamine qui est un composant de plantes de la famille des Solanaceae telles que la belladone (Atropa), la jusquiame et le datura. Elle est très soluble dans l'eau. Elle forme une série...

  • BELLADONE

    • Écrit par
    • 377 mots

    De la famille des solanacées, la belladone (Atropa belladona) est une plante annuelle, vivace, pouvant atteindre un mètre de hauteur. On en utilise les feuilles, cueillies au moment de la floraison car la teneur en principes actifs y est la plus forte, ainsi que la racine, ramassée en automne...

  • Afficher les 43 références