ALCHIMIE
Les alchimistes alexandrins
Loin d'être l'origine de l'alchimie, comme l'a cru Berthelot, la Grèce égyptienne, entre le iiie siècle et le viiie siècle après J.-C., n'a connu que la fin de l'évolution des communautés alchimiques et métallurgiques de la haute Antiquité. Ruska souligne les traces sensibles de cette décadence déjà chez Zosime de Panopolis, l'auteur le plus fécond de la littérature alexandrine hermétiste, au ive siècle.
Cette littérature est indigente et pompeuse, dénuée de cohérence, même sur le plan allégorique et symbolique. Les noms d'Agathodémon, d'Hermès et de Thot, d'Isis, d'Osiris et d'Horus, d'Orphée, d'Ostanès ou de Moïse, de Marie la Juive ou de Cléopâtre, de Démocrite ou d'autres, témoignent assez clairement de son origine culturelle probable : la bibliothèque d'Alexandrie. L'industrie des faux a été pratiquée, avec virtuosité parfois, pendant toute l'histoire de la littérature alchimique. Ce fut l'une des principales ressources des scribes antiques et médiévaux.
La décadence de l'alchimie grecque reflète, en réalité, un phénomène plus général : celui de la lente dissolution des structures religieuses et sociales du monde antique. Quand l'ordre des institutions et des valeurs change, la cohésion logique des représentations scientifiques de l'univers se modifie.
La société grecque du iiie siècle accueillait le mysticisme pseudo-alchimique avec intérêt précisément parce qu'il était pseudo-religieux et pseudo-philosophique, comme elle-même était pseudo-hellénistique. Ces contrefaçons exotiques et syncrétistes s'accordaient avec son cosmopolitisme, ses confusions et ses curiosités culturelles. Elle voulait savoir parce qu'elle ne pouvait plus croire ; elle se fiait au miracle, car elle doutait de sa propre réalité.
Aussi l'élaboration alchimique littéraire de l'« hermétisme » alexandrin ne peut-elle être confondue avec la gnose alchimique islamique : synthèse universelle opérée par des conquérants et pour des conquérants, « guerre sainte » pour la délivrance de l'âme, dont l'aspect historique était transcendé par une quête spirituelle, essentiellement chevaleresque.
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Écrit par
- René ALLEAU : historien des sciences et des techniques, ingénieur conseil
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