ALCIBIADE (450-404 av. J.-C.)
Le champion de l'impérialisme athénien
De 420 à 415, Alcibiade apparaît comme le continuateur de Périclès et le champion de l'impérialisme athénien. Lorsqu'il entre dans la carrière politique, la guerre du Péloponnèse connaît une trêve et Athènes traverse une brillante période. Nicias a signé la paix avec Sparte en 421 : cette paix, Alcibiade ne l'accepte pas. Il prépare la revanche d'Athènes. Il veut la guerre qui peut ouvrir à son ambition un champ illimité. On l'écoute ; il est élu stratège en 420 ; il a trente ans.
Dès ce moment, il s'emploie à précipiter la rupture avec Sparte. Exploitant une alliance « illégale » entre Sparte et la Béotie, il intervient dans le Péloponnèse, conclut en juillet 420 une alliance défensive de cent ans avec les ennemis de Sparte coalisés (Élis, Argos, Mantinée). En Achaïe, il soutient Argos en guerre contre Épidaure, alliée à Sparte. Excellente politique, qui pouvait affaiblir Sparte en l'isolant. Mais, à Athènes, le parti de la paix l'emporte avec Nicias. En 418, Alcibiade n'est pas réélu. Une confusion extrême règne alors dans la cité : des hétairies, nouveaux groupements politiques s'appuyant sur la force, s'y déchaînent. La rivalité d'Alcibiade et de Nicias paralyse toute activité. Pour sortir de l'inaction, Hyperbolos présente une proposition d'ostracisme visant Alcibiade et Nicias (418 ou 417). Les deux hommes s'accordent pour déjouer ce plan : ils sont tous deux élus stratèges, Hyperbolos est banni. Ces divisions sont sans nul doute responsables de l'affaiblissement d'Athènes ; pendant ce temps, le roi de Sparte, Agis, s'empare des villes d'Arcadie et bat les armées d'Athènes et d'Argos à Mantinée. Chassée du Péloponnèse, Athènes hésite entre deux courants : Nicias la pousse vers la Thrace, Alcibiade vers l'Occident ; Alcibiade va l'emporter.
L' expédition de Sicile reflète-t-elle un « grand dessein » d'Alcibiade ? A-t-il réellement voulu s'appuyer sur la Sicile pour conquérir Carthage, puis l'Espagne, et constituer un empire athénien d'Occident ?
En fait, il y a toujours eu à Athènes des partisans d'une politique occidentale, soit pour empêcher la constitution d'un empire dorien sous l'hégémonie de Syracuse, soit pour demander à l'opulente Sicile des ressources à distribuer au peuple. Alcibiade voit l'occasion d'exercer sa volonté de puissance sur ce vaste terrain d'opérations. Mais, dans la nuit du 7 au 8 juin 416 ( ?), les Hermès des carrefours sont mutilés : l'opinion accuse Alcibiade, dont l'irrévérence religieuse et la débauche sont notoires. Il se défend, demande une enquête. L'Assemblée décide de surseoir au jugement, l'expédition doit partir. Alcibiade, conscient du danger, s'incline cependant : c'est en Sicile qu'il apprend la deuxième accusation (eisangelia) lancée contre lui. On lui reproche d'avoir parodié les mystères d'Éleusis. Un vaisseau de l'État est dépêché en Sicile pour ramener Alcibiade ; il y monte puis s'en échappe, gagne Élis, Argos, enfin Sparte. Il est condamné à mort par contumace et ses biens sont confisqués. C'est la ruine totale, morale et matérielle.
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Écrit par
- Andrée POUGET : agrégée de l'Université
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