Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DE GASPERI ALCIDE (1881-1954)

Alcide De Gasperi, 1951 - crédits : Picture Post/ Hulton Archive/ Getty Images

Alcide De Gasperi, 1951

Originaire du Trentin, alors terre autrichienne, De Gasperi défend la cause irrédentiste, comme vice-président du Comité d'agitation trentin (1903), ce qui lui vaut d'être arrêté. Journaliste, il dirige la Voce cattolica (1904) puis, pendant plus de vingt ans, Il Trentino. Militant de l'Unione politica popolare, d'inspiration catholique, élu en 1911 député à la Chambre autrichienne par le collège de Val di Fiemme, il se range constamment dans l'opposition et prononce des discours courageux pour défendre l'italianité de sa province.

Après le retour du Trentin à l'Italie, lieutenant de Don Sturzo, De Gasperi est porté à la présidence du Parti populaire italien par le premier congrès de Bologne (1919). En 1921, il est élu député et préside, à la Chambre, le groupe des popolari. Il prend très tôt des positions hostiles au fascisme et, après la marche sur Rome et l'accession de Mussolini au pouvoir, il est l'un des secrétaires du Comité de l'Aventin, groupant les élus qui ont, volontairement, abandonné le Parlement (juin 1924). Après la dissolution des partis politiques et la déchéance des membres de l'opposition de leur mandat électif (nov. 1926), De Gasperi est arrêté et condamné à quatre ans de prison. Libéré, il vit d'un modeste emploi à la bibliothèque du Vatican. Pendant la dictature, De Gasperi s'emploie à reconstituer le Parti catholique populaire qui, à la Libération, reprendra son vieux nom de Démocratie chrétienne. Secrétaire général de cette formation, il figure parmi les membres du Comité de libération nationale, issu des divers groupes de résistance. Après l'élimination de Badoglio, De Gasperi est ministre sans portefeuille du premier cabinet Bonomi, de juin à décembre 1945, puis ministre des Affaires étrangères dans le second cabinet. De Gasperi forme son premier gouvernement, malgré les réticences des socialistes et grâce à l'assentiment de Togliatti et des communistes. De décembre 1945 à juillet 1953, il va demeurer au pouvoir, à la tête de huit cabinets successifs. Le nouveau président du Conseil, qui a organisé solidement la Démocratie chrétienne, est le grand vainqueur des élections du 2 juin 1946 à l'Assemblée constituante, où son parti arrive en tête, avec 35,2 p. 100 des suffrages. Il domine désormais la scène politique nationale. Patriote italien dès son adolescence, il n'a, cependant, aucun des traits classiques que l'on retrouve dans la classe dirigeante transalpine de sa génération. Sa formation intellectuelle germanique, son apprentissage parlementaire dans un zentrum catholique, fortement structuré et largement indépendant de la hiérarchie, confèrent à son personnage, au physique austère, à l'éloquence sans éclat, une autorité incontestée. Peu soucieux de popularité, il subordonne l'action gouvernementale à un sens élevé de l'État. Son catholicisme n'est ni « triomphaliste » ni asservi au clergé. À l'extérieur, il entend transcender un nationalisme qui avait été funeste au royaume unitaire en intégrant le pays dans la construction de l'Europe. De Gasperi, qui maintient solidement son autorité sur la Démocratie chrétienne, excelle à opérer entre des formations politiques divisées, à rechercher l'appui des États-Unis et à tenir tête aux tendances autoritaires de Pie XII. Il vise, à l'intérieur, à unir dans un effort commun les forces démocratiques et répudie la vieille rivalité entre guelfes et gibelins, entre pouvoir de l'Église et pouvoir laïque. Opposé aux transformations radicales préconisées par le Parti d'action, De Gasperi veut demeurer dans la ligne d'un réformisme graduel. On lui a reproché l'arrêt rapide de l'épuration et le maintien d'un grand nombre d'éléments compromis avec le fascisme dans les cadres d'une administration pléthorique et inefficace. L'appui initial des communistes permet à la Démocratie chrétienne de conserver[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Alcide De Gasperi, 1951 - crédits : Picture Post/ Hulton Archive/ Getty Images

Alcide De Gasperi, 1951

Autres références

  • DÉMOCRATIE CHRÉTIENNE

    • Écrit par et
    • 6 307 mots
    • 1 média
    La Démocratie chrétienne italienne fondée en 1943 par Alcide De Gasperi, ancien secrétaire général du P.P.I., obtient, en 1946, 35 p. 100 des voix et sera par la suite au pouvoir de façon quasi ininterrompue jusqu’à sa désagrégation en 1994. Elle culmine à 48 p. 100 des voix en 1948, puis se stabilise...
  • ITALIE - La vie politique depuis 1945

    • Écrit par , et
    • 31 410 mots
    • 12 médias
    ...stratégie vient de la Démocratie chrétienne (DC), seul parti modéré à disposer d'une organisation et de cadres, fournis largement par les mouvements catholiques. Elle a aussi un leader de premier plan, Alcide De Gasperi, qui ne tarde pas à s'imposer sur le plan intérieur comme sur le plan international.