CICCOLINI ALDO (1925-2015)
. Au fil d'une carrière qui s'étend sur plus de soixante-dix ans, le pianiste Aldo Ciccolini s'est imposé avec un bonheur particulier dans de nombreuses œuvres classiques et romantiques, mais aussi dans la musique française dont il s'est révélé l'un des interprètes les plus inspirés.
Aldo Ciccolini naît à Naples (Italie) le 15 août 1925. Inscrit au conservatoire de sa ville natale dès l'âge de neuf ans – grâce à une dispense que lui accorde Francesco Cilea, directeur de l'institution, par ailleurs auteur de plusieurs opéras –, il étudie le piano avec un élève de Ferruccio Busoni, Paolo Denza, et la composition avec Achille Longo. En 1940, il obtient un premier prix de piano et donne, l'année suivante, son premier récital au Teatro San Carlo de Naples. En 1942, il décroche un premier prix de composition. À compter de 1947, il enseigne au conservatoire de Naples, mais va régulièrement se perfectionner à Paris auprès d'Alfred Cortot, de Marguerite Long et d'Yves Nat. Il remporte en 1949, ex aequo avec Ventsislav Yankoff, le premier prix du concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud, devant des finalistes qui n'étaient autres que Daniel Wayenberg, Paul Badura-Skoda, Youri Boukoff et Pierre Barbizet. Aldo Ciccolini s'installe dès lors à Paris. Il fait, en 1950, ses débuts américains à New York sous la baguette de Dimitri Mitropoulos. Sa carrière internationale est lancée. Il devient le partenaire des chefs d'orchestre les plus réputés – Pierre Monteux, Ernest Ansermet, Wilhelm Furtwängler, Erich Kleiber, Charles Münch, André Cluytens, Jean Martinon, Sergiù Celibidache, Ferenc Fricsay, Carlo Maria Giulini, Georges Prêtre, Serge Baudo, Lorin Maazel, Zubin Mehta –, et joue sous la direction du compositeur Dmitri Chostakovitch. Il se bat avec passion pour faire revivre des partitions de Liszt tombées, à cette époque, dans un quasi-oubli, comme les Années de pèlerinage ou les Harmonies poétiques et religieuses. Ayant obtenu la nationalité française, il enseigne au Conservatoire de Paris de 1971 à 1989 et donne de multiples cours d'interprétation, en France et surtout en Italie (notamment à l'Academia Biella). De nombreux élèves lui doivent donc leur formation. Citons parmi eux Akiko Ebi, Géry Moutier, Pascal Le Corre, Jean-Yves Thibaudet, Marie-Josèphe Jude, Artur Pizarro et Nicholas Angelich.
Aldo Ciccolini a édifié une imposante discographie qui impressionne tout autant par ses dimensions (plus d'une centaine d'enregistrements) que par sa qualité. Doté d'une sonorité richement timbrée, adoptant le plus souvent des tempos modérés, il a su, grâce à un toucher sensuel, un phrasé limpide ainsi qu'un sens aigu de l'équilibre sonore, attirer un très vaste public. Il assure peu de créations relevant de la musique de son temps : le Concerto de Mai (1950) de Marcel Delannoy et Fantasia pour violoncelle et piano (1968) – en compagnie d'Adolfo Odnoposoff – de Gerard Schurmann. En revanche, si sa curiosité semble s'arrêter à l'orée du xxe siècle, le grand répertoire est illustré avec éclat : une intégrale des sonates de Mozart, une autre des sonates et concertos pour piano et orchestre de Beethoven, sans oublier de nombreuses pages écrites par Chopin, Schumann, Grieg (une intégrale des Pièces lyriques) et Schubert. Aldo Ciccolini aime également sortir des sentiers battus avec Leoš Janáček, Anton Arenski ou certains de ses compatriotes italiens comme Muzio Clementi, Gioacchino Rossini, Ildebrando Pizzetti, Mario Castelnuovo-Tedesco, Mario Pilati et Achille Longo. Il montre un goût marqué pour la musique espagnole et enregistre de belles interprétations d'Isaac Albéniz, Enrique Granados, Manuel de Falla et Federico Mompou. Au sein de ce paysage sonore d'une grande diversité émerge cependant un domaine qu'il[...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Média
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