ARAVENA ALEJANDRO (1967- )
Une esthétique radicale
À la suite du tremblement de terre et du tsunami qui ont touché le Chili en 2010, Elemental est chargé de reprendre le plan d’urbanisme et de concevoir plusieurs bâtiments pour la ville de Constitución. Ce sera également l’occasion de mener une nouvelle expérience sur le logement et la méthode dite de l’incrementalhousing, déjà testée à Monterrey au Mexique en 2010 : l’opération Villa Verde (2013) consiste en une suite de maisons accolées, dont la moitié seulement est bâtie (57 m2) ; l’autre moitié peut servir d’abri, de terrasse ou encore être aménagée à peu de frais par l’habitant, qui obtiendra alors une surface totale de 85 mètres carrés habitables. Impliqué dans les programmes éducatifs et de recherche, Elemental réalise plusieurs bâtiments sur le campus de l’Universidad Católica de Santiago : facultés de mathématiques, de médecine, d’architecture, tours de bureaux « siamoises ». À Austin (Texas), l’agence se voit confier la réalisation d’un ensemble de logements étudiants (St Edward’s University Dorms, 2008). Dans ces programmes comme dans plusieurs projets de concours se devine la prédilection d’Aravena pour une esthétique radicale : volumes simples, matériaux bruts. En témoigne plus particulièrement le Centre d’innovation Anacleto Angelini (2014) à Santiago, qui apparaît comme une forteresse faite de blocs de béton superposés – deux d’entre eux se distinguent par un porte-à-faux de 8 mètres – et percée de grandes baies vitrées ; à l’intérieur, un vide central avec éclairage zénithal favorise la visibilité et les échanges entre les différents occupants. On retrouve cette manière de procéder, qui allie parti esthétique et réponse à des contraintes climatiques, avec l’immeuble de bureaux conçu pour la firme suisse Novartis à Shanghai (2016).
Invitée en 2013 à imaginer une maison de vacances au bord du Pacifique (Casa Ocho Quebradas, à Los Vilos), Elemental propose une architecture volontairement archaïque, hors du temps et des modes, faite de trois éléments de béton brut, l’un horizontal, accueillant l’espace de séjour principal, un deuxième vertical contenant les chambres, le dernier, disposé à l’oblique, servant de puits de lumière. Une réalisation qui rappelle la Casa Poli près de Concepción, conçue par Mauricio Pezo et Sofia von Ellrichshausen, cube de béton brut mis en œuvre à la main.
Sollicité et récompensé par de nombreuses institutions, Alejandro Aravena a enseigné à la Graduate School of Design de Harvard entre 2000 et 2005 ; il a par ailleurs publié trois essais : Los Hechos de la arquitectura (1999), El Lugar de la arquitectura (2002) et Material de arquitectura (2003). Plusieurs ouvrages lui ont été consacrés : Alejandro Aravena; progettare e costruire (Electa, Milan, 2007) ; Alejandro Aravena, the Forces in Architecture (Toto, Tokyo, 2011) ; Incremental Housing and Participatory Design Manual (Hatje-Cantz, Berlin, 2012).
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Écrit par
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
Classification
Média