CARPENTIER ALEJO (1904-1980)
Avec Miguel Angel Asturias (1899-1974), l'écrivain cubain Alejo Carpentier est considéré comme le maître de ce que l'on a appelé le « réalisme magique » du nouveau roman hispano-américain. À l'instar du même Asturias, il représente aussi cette littérature américaine de l'exil, illustrée également par Julio Cortázar, Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa, A. Bryce Echenique ou Rubén Bareiro Saguier ; l'Europe et surtout la France sont pour eux le lieu d'où ils observent et décrivent le mieux le continent américain et leur patrie.
Une vocation : l'Amérique
Alejo Carpentier naquit en 1904 à La Havane. « Indigène, mais de sang mêlé », a-t-on dit. Son père, architecte, est français. Sa mère est russe, élevée en Suisse. Ce cosmopolitisme originel marquera profondément sa personnalité. Son enfance a pour décor inoubliable les Caraïbes, sa vraie patrie. Vers douze ans, il vient en Europe. L'Ancien Monde et sa culture enchantent l'adolescent enivré de lectures. Entre le Nouveau Monde qu'il a quitté et cet Ancien Monde où plongent ses racines, ce n'est pas un déchirement, mais un échange incessant et fécond qui va s'établir : toute son œuvre sera fondée sur ce dialogue entre continents et cultures.
De retour à Cuba, à dix-sept ans, il devient journaliste. En 1924, il est rédacteur en chef de la revue Carteles. En 1927, il est mis en prison sur l'ordre du dictateur Machado, à qui déplaisent ses opinions. Libéré en 1928, entraîné par Robert Desnos de passage à La Havane, Alejo Carpentier s'embarque pour la France ; il y demeurera onze ans. À Paris, il fréquente les milieux surréalistes ; il collabore à La Révolution surréaliste. En 1933, paraît son premier roman, Ecue-Yamba-O, où le jeune écrivain s'efforce de décrire, assez maladroitement, la culture afro-cubaine. À Paris, il acquiert une vaste culture de musicologue qui se reflètera dans tous ses écrits (il publiera même La Música en Cuba en 1946). De retour à Cuba en 1939, il doit cependant s'exiler de nouveau en 1945 au Venezuela, où il enseigne à Caracas.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
Classification
Média
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