RANKOVIĆ ALEKSANDAR (1909-1983)
Ancien vice-président de la république socialiste fédérative de Yougoslavie, de nationalité serbe, Alexandre Ranković est né à Draževac, près de Belgrade. Ancien apprenti tailleur de costumes nationaux, il adhère en 1928 au Parti communiste yougoslave (P.C.Y.). Un an plus tard, la Cour pour la protection de l'État le condamne à six ans de réclusion pour activité révolutionnaire. Membre du comité central et du bureau politique, il est, pendant la guerre et jusqu'à son éviction, l'un des plus proches collaborateurs du président Tito. Chargé des questions de sécurité, arrêté par la Gestapo en 1941 et libéré peu après par les partisans, il organise en 1944 un vaste système de police connu sous le nom de O.Z.N.A. (Organisation pour la protection du peuple) qui sévit avec rigueur contre les adversaires du régime communiste.
Après 1945, Ranković occupe les fonctions de ministre fédéral de l'Intérieur (1946-1952), de vice-président du gouvernement fédéral (1953-1963), de secrétaire à l'Organisation du comité central et, de 1963 à 1966, celles de vice-président de la République. À la suite des « conclusions » d'une commission d'enquête formée par le comité central et qui avait travaillé dans le plus grand secret, Ranković est limogé à la réunion du comité central tenue à Brioni, en juillet 1966, pour « graves déformations » commises par les organes de sécurité sur lesquels il avait la haute main. Il lui fut reproché notamment d'avoir essayé « d'établir le contrôle des organes de sécurité sur le parti, l'appareil de l'État et l'ensemble de la société » en installant des microphones dans les bureaux et les logements privés de plusieurs dirigeants, y compris le président Tito. Le limogeage de Ranković fut suivi d'une vaste épuration des services de sécurité.
De caractère taciturne, Ranković a constamment évité les manifestations publiques bruyantes. Pendant les années de crise suscitées par le Kominform dans les relations entre la Yougoslavie, d'une part, et l'U.R.S.S. et les autres pays communistes de l'Europe de l'Est, d'autre part, les organes de sécurité ont fait preuve d'une sévérité exceptionnelle à l'égard des « kominformistes », surtout des membres du parti qui témoignaient leur sympathie à Moscou sous quelque forme que ce soit. Déportés dans un camp de concentration sur une île isolée et aride de l'Adriatique, ils furent soumis à un traitement inhumain.
Ranković perçut une retraite de l'État, le comité central ayant reconnu, au moment de son limogeage, ses « mérites exceptionnels » et les services qu'il avait rendus au parti dans le passé. Il fut ensuite exclu de la Ligue des communistes (nom du P.C.Y. à partir de 1952) pour excès de pouvoir dans l'État et nationalisme serbe.
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Écrit par
- Paul YANKOVITCH : journaliste
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Autres références
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YOUGOSLAVIE
- Écrit par Christophe CHICLET , Encyclopædia Universalis , Catherine LUTARD et Robert PHILIPPOT
- 15 297 mots
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...Djilas (responsable de la propagande et de la presse), Edvard Kardelj (ministre des Affaires étrangères, théoricien du système politique et social) et Aleksandar Ranković (ministre de l'Intérieur). En 1950, M. Djilas critiquait l'U.R.S.S., déclarant qu'elle avait abandonné l'idéologie socialiste pour...