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ALEMBERT JEAN LE ROND D' (1717-1783)

D'Alembert - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

D'Alembert

L'un des mathématiciens et physiciens les plus importants du xviiie siècle, d'Alembert fut aussi un philosophe marquant des Lumières. Dans les sciences aussi bien qu'en philosophie, il incorpora la tradition du rationalisme cartésien aux conceptions newtoniennes, ouvrant la voie du rationalisme scientifique moderne, du moins dans sa direction physico-mathématique. Il développa le calcul différentiel et intégral (calcul aux dérivées partielles), généralisa et étendit la mécanique newtonienne et ses applications (principe de d'Alembert, hydrodynamique, problème des trois corps) : son œuvre représente une étape décisive avant celles de Lagrange et de Laplace. Ses analyses épistémologiques originales constituent une véritable philosophie des sciences liée à une théorie de la connaissance tributaire de Locke et Condillac et annoncent, par leur modernité, bien des développements ultérieurs. Codirecteur avec Diderot de l'Encyclopédie, dont il rédigea beaucoup d'articles, ami de Voltaire, membre de nombreuses académies, il fut un des protagonistes les plus éminents de la lutte des Lumières contre l'absolutisme religieux et politique.

Le savant et l'encyclopédiste

Né le 16 novembre 1717, abandonné par sa mère, la marquise de Tencin, sur les marches de l'église Saint-Jean-le-Rond à Paris – d'où son nom –, Jean Le Rond d'Alembert fut recueilli et élevé par la femme d'un vitrier, Mme Rousseau, chez qui il demeura jusqu'à l'âge de quarante-huit ans. Son père, le chevalier Destouches, fit en sorte de subvenir à ses besoins et de lui procurer la meilleure éducation. En pension de quatre à douze ans, puis élève au collège des Quatre-Nations de 1730 à 1735, il reçut de maîtres malebranchistes une éducation janséniste et cartésienne. Bachelier ès arts, il suivit des cours de droit puis de médecine avant de se consacrer définitivement aux mathématiques. Ses premiers travaux le firent remarquer de Clairaut et il entra à l'Académie des sciences comme « associé astronome adjoint » à vingt-quatre ans.

Il publia en 1743 le Traité de dynamique, dont l'importance fut décisive pour le développement ultérieur de la mécanique rationnelle, et qui assura sa consécration, et, l'année suivante, le Traité de l'équilibre et du mouvements des fluides, qui unifiait en quelque sorte la dynamique des solides et celle des fluides. Il gagna, en 1746, le concours de l'Académie de Berlin avec ses Réflexions sur la cause générale des vents – un traité des marées atmosphériques –, parues l'année précédente. Ses Recherches sur la précession des équinoxes et sur la nutation de l'axe de la Terre dans le système newtonien parurent en 1749, et ses Recherches sur différents points importants du système du monde de 1754 à 1756. Outre ces ouvrages majeurs, il donna d'importantes contributions, notamment dans les mémoires de l'Académie de Berlin – tel son travail fondamental sur l'équation des cordes vibrantes (1747) – et dans ses Opuscules mathématiques (9 volumes, dont 8 parus de 1761 à 1780, les 5 premiers étant les plus notables).

D'Alembert s'intéressa en outre à la musique et donna en 1752 des Éléments de musique théorique et pratique, suivis en 1754 de Réflexions sur la musique en général et sur la musique française en particulier. Ces ouvrages le firent considérer comme le théoricien des conceptions de Rameau.

Sa jeune célébrité lui ouvrit les salons parisiens et il devint un habitué de ceux de Mme Geoffrin, de Mme du Deffand, puis de celui de Julie de Lespinasse, avec laquelle il vécut à partir de 1764 : ce salon où se retrouvaient les « philosophes » était fréquenté notamment par Turgot, Condorcet et des savants étrangers de passage, tels que Hume.

<em>Encyclopédie </em>de Diderot et d’Alembert - crédits : AKG-Images

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Engagé en 1745 avec Diderot par le libraire Le Breton pour[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS

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