VITTORIA ALESSANDRO (1525-1608)
Originaire de Trente, Alessandro Vittoria reçut dans cette ville sa première formation artistique, probablement auprès de Vincenzo et de Giovanni Gerolamo Grandi. De 1543 à 1547, il travailla dans l'atelier de Jacopo Sansovino à Venise et, malgré quelques séjours à Vicence (1547 et 1576), à Padoue (1555) et à Brescia (1576), c'est à Venise que va se dérouler la majeure partie de sa longue carrière. Si nous sommes assez bien renseignés sur la vie de Vittoria grâce aux Mémoires qu'il a laissés, il est beaucoup plus difficile de cerner son œuvre. Vittoria fut en effet à la fois sculpteur, bronzier, médailliste et architecte. Il a exécuté de grandes œuvres décoratives : cariatides de la Libreria San Marco (1553-1555) ; Scala d'Oro au palais des Doges (1557-1558) ; statues de la justice et de Venise pour la façade du même palais (1577-1579) ; autels monumentaux (autel de saint Antoine à San Francesco della Vigna avec figures de saint Antoine abbé, de saint Roch, de saint Sébastien, 1561-1563 ; autel de la Scuola dei Lunganegheri, à San Salvatore, avec figures de saint Roch et de saint Sébastien, vers 1600) ; enfin des figures isolées, notamment les deux Saint Jérôme, celui de l'église des Frari, reste d'un autel exécuté vers 1565, et celui de San Zampolo, provenant de la Scuola di San Fantin, et considéré comme sa dernière œuvre. Outre des bronzes dont la chronologie n'est pas exactement fixée, on attribue généralement à Vittoria un grand nombre de bustes, dont certains portent effectivement sa signature mais qui, pour la plupart, sont, au mieux, des œuvres d'atelier. Quelques-uns semblent cependant de sa main (Priamo da Lezze, Manzino Marcantonio, Ottaviano Grimani, Tommaso Rangone). Le style de Vittoria, fortement influencé par Jacopo Sansovino, est cependant caractérisé par une manière assez large qui lui assure une place à part dans la sculpture maniériste européenne.
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
Classification
Autres références
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MANIÉRISME
- Écrit par Sylvie BÉGUIN et Marie-Alice DEBOUT
- 10 161 mots
- 34 médias
...raffinée d'orfèvre, de façon que l'œuvre demeure parfaite sous tous les angles. L'élongation des proportions (dont Lodovico Dolce reconnaît l'importance dans son dialogue, L'Aretino) y est observée avec rigueur. Elle gagnera même le classique Sansovino et surtout Alessandro Vittoria à Venise.