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POPE ALEXANDER (1688-1744)

Alexander Pope - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

Alexander Pope

Le plus grand poète classique anglais, poète des salons, de la ville et de la vie sociale, a dû toujours vivre en marge de la société et en dehors de Londres. Il était en effet catholique et en tant que tel exclu de la vie de la capitale.

Pope est une personnalité très discutée ; certains voient en lui un infirme hypocrite et méchant, une « guêpe », d'autres insistent sur ses amitiés durables, son stoïcisme devant la douleur et les épreuves de la vie. Comme son ami Swift, il aime plus les hommes que l'humanité, mais ses lettres révèlent un homme plus indigné par la sottise vaniteuse de certains que par l'humaine condition. Une lecture attentive fera reconnaître en lui un sentimentaliste, disciple de Shaftesbury. Sa position catholique explique un certain scepticisme narquois, doublé de tolérance. Si la rébellion contre la société et contre les formules littéraires consacrées constitue l'essence même du romantisme, Pope est bien le représentant parfait du classicisme anglais. C'est le poète horatien par excellence, en accord total avec les règles sociales et les idées esthétiques de son époque ; accord qui apparaît dans tous les aspects de cette œuvre très riche et très diverse.

La poésie de Pope, très intellectualisée, est un régal pour l'esprit ; poésie d'équilibre et de sérénité, elle est animée par une imagination disciplinée mais ardente et vive. Artiste complet et conscient, subtil et viril à la fois, Pope est un modèle de délicatesse et d'honnêteté intellectuelle. Nul n'a eu plus que lui conscience de la dignité élevée du poète, et de son rôle dans la cité, nul non plus que lui n'eut le désir d'atteindre la parfaite union des idées claires et lucides avec une forme poétique obéissant à des règles sévères mais sachant aussi admettre librement et hardiment variations et arabesques.

Combats et succès

Né à Londres, fils de commerçants fortunés, il vit une enfance chétive près de Windsor ; petit, bossu, il est atteint du mal de Pott. Appliqué, studieux, grand travailleur, à seize ans il écrit des Pastorals qui le lancent dans le monde littéraire. Encouragé par le spirituel Wycherly et l'exigeant Walsh, il fait déjà preuve d'invention et de rigueur. Son Essay on Criticism (1711) le fait pénétrer dans le cercle d' Addison et de ceux qui fréquentent le célèbre café Will's. Sa vie ne sera dès lors qu'une suite de succès entrecoupée de violentes querelles avec ses confrères rivaux. Après The Rape of the Lock (1712-1714, La Boucle de cheveux volée), poème héroï-comique sur la vie des salons, il se met à la grande œuvre de sa vie, la traduction d'Homère. L'Iliade paraît de 1715 à 1721, L'Odyssée de 1725 à 1726. Tory, à cause de son catholicisme, il s'éloigne du whig Addison après avoir malmené certains de ses amis, auteurs, comme lui, de « pastorales ». Il se rapproche de Swift. Le Scribblerus Club est fondé, qui publie de nombreux pamphlets satiriques collectifs (1712-1726) dirigés contre les ennemis politiques et littéraires du clan. Pope fut donc soutenu pendant sa traduction d'Homère contre les éditeurs rivaux, les confrères jaloux comme Dennis, et même les critiques trop honnêtes, comme Theobald, éditeur de Shakespeare et héros de sa première grande satire, The Dunciad (1728-1743). C'est une épopée héroï-comique, dirigée d'abord contre Theobald, puis contre Colley Cibber, whig et « poète-lauréat ». Après cela, Pope met en vers les doctrines de Bolingbroke et de Shaftesbury, c'est l'Essay on Man et Moral Essay (1733-1734). Puis il se tourne vers les Epistles et les Satires à la manière d'Horace, de Swift et de Donne (1733-1758). Il passe la fin de sa vie à mettre au point sa correspondance tout en feignant de s'indigner de la voir publiée contre son gré. Il meurt[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Alexander Pope - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

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