SCHNEIDER ALEXANDER (1908-1993)
Violoniste qui se consacra essentiellement à la musique de chambre, chef d'orchestre, animateur et pédagogue, Alexander Schneider était l'un de ces artistes irremplaçables qui choisissent de rester dans l'ombre des vedettes.
Il naît à Vilnius, le 21 octobre 1908, et commence ses études musicales au conservatoire de sa ville natale. En 1926, il vient à Francfort, où il est l'élève d'Adolf Rebner à la Hochschule für Musik avant de travailler avec Carl Flesch à Berlin. Il est engagé comme violon solo du Museumsorchester de Francfort, qui assure également les services de l'Opéra de cette ville (1922-1933). Puis il occupe divers postes à Sarrebruck et Hambourg avant d'entrer comme second violon au Quatuor de Budapest (1933-1944), où son frère Mischa est déjà violoncelliste ; cette période est marquée par d'interminables tournées dans les cinq continents. Il se fixe aux États-Unis quand le quatuor s'y installe en 1938 et adopte la nationalité américaine. Le quatuor est alors résident de la Library of Congress de Washington et “Sasha” Schneider joue sur l'un des prestigieux Stradivarius de la collection Whittal, le Castelbarco (1699). En 1944, il fonde l'Albeneri Trio avec Benar Heifetz et Erich Itor Kahn ; cet ensemble tire son nom d'un amalgame des premières syllabes des prénoms des trois musiciens. Puis il s'associe à Mieczyslaw Horszowski, Milton Katims et Frank Miller pour former le New York Piano Quartet. En 1945, il reçoit la médaille Elizabeth-Sprague-Coolidge pour services éminents rendus à la musique de chambre. À la même époque, il joue avec le claveciniste Ralph Kirkpatrick et les pianistes Rudolf Serkin et Eugene Istomin. Il développe par ailleurs une carrière de chef d'orchestre et fonde, en 1944, le Dumbarton Oaks Chamber Music Orchestra.
En 1950, pour le bicentenaire de la mort de Jean-Sébastien Bach, il est l'un des artisans de la réapparition de Pablo Casals en public et participe à la fondation du festival de Prades : il en sera un hôte régulier, et l'amitié entre les deux hommes se prolongera au festival de Marlboro et à celui de Porto Rico, où il crée un nouveau festival autour de Casals, à San Juan, en 1957. Il fonde son propre quatuor à cordes en 1952 (avec Isidore Cohen, K. Tuttle et Madeline Folley), qui joue et enregistre tous les quatuors de Haydn. Puis, après la mort de Jac Gorodetzky, il rejoint les rangs du Quatuor de Budapest, avec lequel il reste jusqu'à sa dissolution (1955-1967). Animateur infatigable, il fonde à New York les New School Concerts en 1956 ; il est aussi conseiller de la fondation Fromm pour la musique. Puis il participe à la fondation du Mostly Mozart Festival et du festival d'Israël (1960). En 1972, il crée les Brandenburg Players, un ensemble de chambre avec lequel il se produit comme chef d'orchestre et comme violoniste. En 1981, il participe à la fondation de l'Orchestre de chambre d'Europe. Au fil des années, l'enseignement prend une importance croissante dans ses activités, surtout pour permettre aux jeunes instrumentistes de s'insérer dans la vie professionnelle. Il meurt à New York, le 2 février 1993.
Malgré ses origines russes et sa formation allemande, Schneider s'inscrivait dans la ligne de l'école franco-belge du violon, descendant de Martin Marsick via Carl Flesch, qui avait été son disciple à Paris. Il pratiquait un jeu d'une grande souplesse et d'un remarquable raffinement. Il ne possédait pas une virtuosité transcendante mais il avait acquis un sens du phrasé et du rythme qui donnait à ses exécutions une dimension profonde. Très tôt, il avait été formé, à l'école de la musique de chambre, à l'écoute des autres, penchant naturel qu'il avait conservé dans ses activités de chef d'orchestre, où il excellait comme accompagnateur.[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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