DAVID-NEEL ALEXANDRA (1868-1969)
Une vie errante et studieuse
Alexandra David-Neel poursuit parallèlement la publication de travaux visant à transmettre le bouddhisme comme une doctrine vivante. La profondeur de son analyse fait de Mystiques et magiciens du Tibet (1929) un livre particulièrement inspiré. Elle traduit des textes du sanskrit ou du tibétain (L'Épopée de Guesar de Ling. L'Iliade des Tibétains, trad. avec le lama Yongden, 1931). Ses études de la doctrine, érudites, restent accessibles à tous (Initiations lamaïques, 1930). Son aisance dans le maniement de la narration et des dialogues se manifeste dans le genre romanesque : elle signe ainsi Le Lama aux cinq sagesses (1935) avec le lama Yongden.
En 1937, elle retrouve en Chine sa vie errante et studieuse. Là, elle rencontre le père Teilhard de Chardin, Mao Zedong, Tchiang Kai-chek. Prise dans le tourbillon de la guerre sino-japonaise, confrontée aux bombardements, au froid, à la famine, elle reste enfermée jusqu'en 1944 dans la ville de Tatsienlou. C'est là qu'en 1941 elle apprend la mort de Philippe Neel. Dès son arrivée à Pékin elle a commencé un roman sombre, récit d'une passion entre un brigand et une jeune fille en fuite, Magie d'amour et magie noire, publié dès 1938. Elle rend compte des horreurs de la guerre en alliant histoire personnelle et générale dans Sous des nuées d'orage (1940). Elle rédige également une vaste étude sur les régions, À l'ouest barbare de la vaste Chine (1947).
À son retour, elle continue d'explorer les matériaux rassemblés : Au cœur des Himalayas (1949) mêle le récit de son séjour au Népal à des observations scientifiques. Le Vieux Tibet face à la Chine nouvelle (1953) tente d'approcher de manière historique l'antagonisme entre les deux pays. Malgré l'invasion chinoise, Alexandra David-Neel persiste à espérer que l'entente revienne entre ces deux peuples qu'elle aime.
Plongée longtemps dans le silence par la mort de Yongden, en 1955, elle ne cesse sa vie errante qu'à plus de quatre-vingts ans. En 1959, elle se fixe à Samten Dzong avec Marie-Madeleine Peyronnet et commence Immortalité et réincarnation (1961), réflexion sur la mort, et Quarante Siècles d'expansion chinoise (1964), retour sur les origines du conflit sino-tibétain. À quelques jours de sa mort, en juillet 1969, Arnaud Desjardins filme celle qui a été promue commandeur de la Légion d'honneur et dont les cendres seront dispersées, avec celles du lama Yongden, dans les eaux du Gange.
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Écrit par
- Aliette ARMEL : romancière et critique littéraire
Classification
Média